THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
Pourquoi prendre la peine de parler de cette production quand la volonté affichée du metteur en scène est d'outrager le public ? Pourquoi prendre au sérieux ce piteux spectacle, cette piètre production ? Parce qu'elle a lieu dans un grand théâtre public, parce qu'elle est visiblement dispendieuse, parce que, s'il n'y a rien à juger artistiquement dans ce geste minable, il y a tout de même à dire : comment un aussi médiocre metteur en scène que Monsieur Jean-Baptiste Sastre peut-il disposer d'un faisceau de coproducteurs éminents, de moyens, d'acteurs qui lui font confiance et sont assez naïfs pour penser qu'ils participent à une extraordinaire aventure ? D'où Monsieur Sastre tire-t-il son pouvoir ? Pas de ses spectacles précédents. On se souvient d'une « Affaire de la rue de Lourcine », prodige de prétention qui faisait de Christine Murillo, Philippe Clévenot, Hervé Pierre entre autres, des interprètes médiocres.
On piaffait d'impatience à l'idée de voir représentée la pièce ou les pièces de Christopher Marlowe, « Tamerlan » . Le texte de Luc de Goustine est très beau. Vous n'en entendrez que des bribes. La question du pouvoir, de l'excès, de la folie, de l'assujettissement, de la conquête, des religions, de la cruauté, de l'amour, de l'héritage, tout ce que condense génialement Marlowe n'intéresse pas le metteur en scène. Sans doute n'est-ce pas d'actualité...
Monsieur Sastre fait son intéressant, il fait juste le beau en faisant dans le laid, le déglingué, la répétition foireuse, le faux-semblant, bref la coquetterie.
Les acteurs, aussi inspirés soient-ils (Martial Di Fonzo Bo, Julie Pilod, Emmanuelle Lafon, Axel Bogousslavsky, Jerzy Radziwilowicz), sont faibles : ils se sont laissés embarquer. Ils ont mariné, persuadés qu'ils servaient un propos exceptionnel. On connaît ça. On a vu d'autres désastres.
On peut tout se permettre au théâtre. On doit tout oser. Mais on n'a pas le droit d'injurier à la sincérité du public. Choisir un texte méconnu du répertoire pour le réduire en lambeaux, c'est sot. Monsieur Sastre est un sot doublé d'un fat. Après Vilar, Vitez avait eu cette belle formule : « élitaire pour tous ». Encore faut-il être un artiste. Pas un petit maître.
Théâtre Gémier de Chaillot, à 20 h 30 du mardi au samedi et à 15 heures le dimanche. Durée : 3 h 20 entracte de cinq minutes compris. Jusqu'au 22 décembre (01.53.65.30.00.).
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