LES SOCIETES informatiques n'ont pas été convoquées au séminaire de l'Anaes, mais sont sur le pied de guerre depuis des mois. Plusieurs industriels ont déjà fait savoir qu'ils se porteraient candidats à l'appel d'offres que lancera le gouvernement au début de l'année prochaine.
« Sept à huit consortiums sont dignes d'être pris en considération », affirme-t-on dans l'entourage ministériel. Les principaux chefs de file en sont Accenture, Atos, France Télécom, Cap Gemini, Cegedim, Steria, Siemens.... Ces sociétés, qui devront s'associer à des éditeurs de logiciels médicaux, disposent pour la plupart d'une grande expérience dans l'informatique appliquée à la santé.
« Nous travaillons à la mise en place d'un dossier médical depuis 1997 », explique Sylvie Ouziel, P-DG d'Invita, filiale d'Accenture, qui a mis en place un coffre-fort électronique à l'Hôtel-Dieu, à Paris, et informatisé un réseau de santé à Lens. Invita, récemment créée pour répondre aux besoins d'hébergement de dossiers médicaux, pense remettre son offre de DMP en 2005. Sylvie Ouziel juge « réalistes » les prévisions du ministère de la Santé concernant le coût du DMP « autour de 500 millions d'euros par an, soit 50 millions de dossiers à dix euros l'unité ».
L'enjeu.
Il est en revanche plus difficile d'estimer l'enjeu financier du DMP. Tous s'accordent à dire qu'il faudra vraisemblablement attendre de cinq à dix ans avant d'espérer un retour sur investissement. « De 2 à 5 millions d'euros par an et par membre du consortium », avance un industriel .
Laurent Prax, président-directeur général de SNR, filiale du groupe Gred spécialisée depuis 1999 dans l'édition de logiciels, explique que les investissements préalables à la création d'un dossier médical sont très importants : « Pendant deux ans et demi, nous avons créé l'organisation et la méthode que nous avons testées sur un bassin de population de 80 000 personnes avec le Réseau d'information patient de l'Ardèche méridionale (Ripam). Ce travail a nécessité un investissement de dix millions d'euros en sept ans. »
Jean-Bernard Rampini, directeur général du secteur public de Steria France, société d'informatique, estime pour sa part que « les marchés sont de plusieurs dizaines de millions d'euros par an ». « Notre grande peur, explique-t-il, ce n'est pas le défi technologique que nous sommes prêts à relever, c'est l'éventuel blocage des professionnels de santé. On sait aujourd'hui mesurer le risque industriel mais pas le risque politique ! »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature