IL N'EST PAS toujours aisé pour l'esprit rigoureux du médecin de croire aux vertus de certains moyens thérapeutiques externes, comme les bracelets magnétiques vendus à titre antalgique contre les douleurs arthrosiques.
Et pourtant... Si l'on en croit l'équipe britannique de Tim Harlow (Devon), leur efficacité est probable ; elle pourrait même se rapprocher de celle que l'on obtient avec des antalgiques classique ou des Ains.
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs ont utilisé trois types de bracelets de poignet. L'un au fort champ magnétique (170-200 tesla), un autre au champ magnétique faible (21-30 mTesla) et, enfin, un bracelet placebo. La méthode du double aveugle a été retenue. Le « pouvoir » des dispositifs sur des douleurs de hanche ou de genou d'origine arthrosique a été jugé au bout de 12 semaines de port. Les évaluations ont été réalisées sur déclaration des patients avant et après l'essai. Elles ont reposé sur l'échelle de douleur des membres inférieurs dite Womac A, B et C, ainsi que sur une échelle visuelle analogique. Les 194 sujets enrôlés avaient entre 45 et 80 ans.
Réduction du score Womac de 2,9.
« Quel que soit le mécanisme d'action, le bénéfice tiré des bracelets magnétiques semble cliniquement utile », constatent les médecins britanniques. La réduction moyenne du score Womac A dans le groupe au bracelet fortement magnétisé a été de 2,9 points en moyenne par rapport à l'évaluation de départ. Dans le groupe placebo, cette réduction n'a été que de 1,3 point. L'écart entre les deux groupes rejoint celui rencontré dans des essais thérapeutiques réalisés avec des crèmes anti-inflammatoires, des Ains ou l'exercice. Des écarts du même ordre sont retrouvés en ce qui concerne les fonctions articulaires.
Les auteurs abordent l'aspect financier : un bracelet revient de 1,5 à 2,5 fois plus cher qu'une année de traitement par antalgique, mais de 5 à 8 fois moins qu'un Ains récent sur la même durée.
Nombre de patients ont pu découvrir par eux-mêmes à quel groupe ils appartenaient, ressentant le fort magnétisme du bracelet. Pour les auteurs, ces quelques cas n'affectent pas leur résultats. Ils se gardent pourtant d'apporter une conclusion formelle, précisant que les données recueillies suggèrent l'action positive du dispositif. Un autre argument en faveur du résultat est la confrontation entre le petit nombre de sujets ayant découvert la supercherie dans le groupe placebo et le taux élevé d'amélioration avec le « vrai » bracelet.
Enfin, des travaux antérieurs, rapprochés de ceux-ci, insistent sur l'importance d'un champ magnétique puissant. Ce qui n'empêche pas les auteurs de conclure sur le besoin d'études de confirmation, notamment au-delà de douze semaines.
« British Medical Journal » vol. 329, 18-25 décembre 2004, pp. 1450-1454.
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