« Farang », de Swann de Guillebon
DE SON AUTEUR - dont le nom n'est pas une invention -, on sait qu'il est le fils de la romancière Claire Gallois et qu'il partage son temps entre la France, l'Inde et la Thaïlande. Des différents métiers qu'il a exercés jusqu'à présent, peut-être a-t-il été, comme le narrateur du roman, représentant de matériel médical ?
Un gagne-pain qui pour Tristan n'a rien d'excitant, quand bien même il s'agit de vendre des poches à urine déclinées dans une gamme de coloris acidulés avec des sondes assorties ; un travail d'autant plus pénible que les acheteurs potentiels sont au mieux des commerçants roublards, le plus souvent méprisants envers les farang, les étrangers, et quasiment toujours corrompus. C'est l'occasion pour Swann de Guillebon de brosser quelques scènes cocasses qui en disent long sur l'écart des mentalités.
Tristan est par ailleurs un jeune homme un peu à la dérive, qui se remet mal d'une rupture sentimentale et qui se console en multipliant les aventures tarifées et les boissons alcoolisées. Il vit depuis deux ans à Bangkok, il aime cette ville - qu'il croît connaître.
C'est ainsi qu'un soir il rencontre Joy. Elle est serveuse dans un bar. Il entreprend la conquête de la belle, très belle enfant, qui l'ignore des semaines durant avant de daigner lui parler et de devenir sa petite amie... à condition qu'il ne se passe rien entre eux. Les quolibets des autres filles et les mises en garde de ses amis n'y changent rien.
Comme un preux chevalier.
Obstiné, comme un preux chevalier, Tristan continue de lui faire la cour, même lorsqu'il apprend que Joy - de son vrai nom Sukanya - est la sœur d'un voyou et assassin et la complice de ses agissements.
D'une façon d'autant plus étonnante que le roman est écrit à la première personne, Swann de Guillebon déroule habilement ce récit d'un amour éthéré et des magouilles crapuleuses des truands. En ménageant pour la toute fin le fin mot d'une histoire qui était perdue d'avance.
Entre temps, on aura visité Bangkok la mégalopole et découvert un peu de la réalité de cette cité où les palais et l'or côtoient le sordide et l'impensable.
S'il n'y avait cette intrigue résolument dans l'air du temps, on aurait l'impression de s'immerger dans le texte d'un écrivain-voyageur du XIXe siècle épris du pays qu'il décrit mais soucieux de contrôler ses sentiments. Un hiatus qui force l'attention.
Editions Grasset, 266 p., 17,90 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature