MONTÉE il y a quelques années par Claudia Morin qui en jouait le rôle-titre, la comédie de George Bernard Shaw « la Profession de Madame Warren » a été écrite en 1893. A l'époque, le personnage de Madame Warren est scandaleux, celui de sa fille Vivie est révolutionnaire. Deux femmes libres qui refusent toute hypocrisie. Et une avancée de la fille sur la mère : elle ira plus loin encore en refusant l'argent délétère accumulé par sa mère, une jeune fille pauvre qui a tout compris de la société britannique du temps.
Madame Warren a fait élever sa fille au loin, dans de bonnes maisons d'éducation. Elle, elle a fait fortune avec quelques maisons d'un autre genre, un peu partout en Europe. Elles se connaissent peu et mal. Elles vont se trouver. Mais Vivie s'arrachera à cet amour maternel dont elle a pourtant besoin, par fierté et par honnêteté. Une belle histoire. Simple.
Shaw fait défiler la société des hommes en personnages un peu caricaturaux. Il ne les flatte guère. Même le plus jeune d'entre eux. Michel Fagadau, qui signe l'adaptation et la mise en scène, dans un décor assez simple, n'a peut-être pas encore trouvé le juste rythme. Tout cela devrait être joué plus vivement encore. On a trop le sentiment que chacun fait son numéro et disparaît. Mais les numéros ne sont pas mauvais, loin de là. Jacques Boudet, l'artiste et ami, est exquis ; Gérard Caillaud en représentant du pouvoir de l'argent et du nom est terrible à souhait ; Jean-Pierre Moulin en pasteur qui boit trop s'amuse. Clément Sibony a un rôle difficile et s'applique un peu trop.
Le bonheur, ici, c'est le face-à-face de deux actrices magnifiques. La reine, Judith Magre, dans les vêtements voyants de Madame Warren et les sentiments ambivalents que lui inspire cette fille trop indépendante. La princesse, Clotilde Courau, dont on n'oublie pas qu'on la connaît depuis longtemps au théâtre, fine, sensible, dans les tenues sobres de Vivie. Elle est ravissante et délicate, elle est une belle partenaire pour Judith Magre. Elles sont fortes et touchantes à la fois, l'une et l'autre, l'une comme l'autre. C'est beau.
Comédie des Champs-Elysées, à 21 h, du mardi au samedi, en matinée le samedi à 16 h 30 et le dimanche à 17 h 30 (01.53.23.99.19).
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