Un drôle de loustic

IL A LE VISAGE un peu chiffonné des êtres qui ont roulé leur bosse. Mais on ne lui donne pas vraiment d'âge. Si on lit bien les documents, il aurait la soixantaine. Il a fait des tas de métiers sans que l'on distingue clairement ses secrètes motivations. Mais le spectacle et les voyages sont deux dominantes de son parcours. Il a gardé des engouements d'adolescent et sait faire beaucoup de choses. Ainsi que le dit le grand Pierre Etaix qui connaît ce drôle de bonhomme, il « est tout à la fois image et son ».

Patrick Robine est un esprit à part, un artiste étrange dont la scène est la vie même. Lorsqu'il s'aventure sur les plateaux des théâtres, c'est en toute amitié. Comme si nous étions des copains de toujours et qu'il avait des histoires à nous raconter d'urgence. N'allez pas croire pour autant qu'il ne soit pas hautement professionnel. Ce n'est en rien un virtuose de hasard. Il construit, il écrit.

Ici, pour cette « Ferme des concombres », il est dirigé par Jean-Michel Ribes et l'heure qu'ils nous proposent est dense, cocasse, extrêmement dépaysante.

Résumer le propos de l'auteur interprète serait tentative vouée à l'échec. Cette petite heure, il faut en savourer les pleins et les déliés, les hauts et les sommets. On rit. On ne sait pas très bien où veut nous mener Robine qui, avec son air sérieux, est un fieffé coquin. Il est grave et désopilant. Il a la modestie de ne jamais s'apesantir. A peine commence-t-il, que le voyage achève qui nous a menés très loin, pourtant…

Théâtre du Rond-Point, salle du haut. A 20 h 30 du mardi au samedi et en matinée le dimanche à 15 h 30. Durée : 1 h sans entracte (01.44.95.98.21). On peut lire « la Danse du séquoia » et « le Naturaliste » (éditions Actes Sud-Papiers) et regarder la chronique vidéo de Patrick Robine sur le site de Paris Première ou sur celui du théâtre du Rond-Point.