AU DEBUT DE JANVIER, « le Quotidien »* faisait état d'un premier cas possible de transmission post-transfusionnelle du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (nvMCJ). L'étude britannique à l'origine de la découverte de ce cas est aujourd'hui publiée dans le « Lancet ».
Si la possibilité d'une transmission de la forme sporadique de la MCJ par transfusion sanguine est pratiquement totalement exclue, rien ne permet d'affirmer que la transfusion du sang d'un sujet contaminé par le nouveau variant de la maladie est sans risque pour le receveur.
Quinze donneurs morts d'une nvMCJ.
Dans le but d'éclaircir ce point, Llewelyn et coll. ont confronté les données recueillies par l'unité nationale britannique de surveillance de la MCJ et celles des « UK Blood Services ». Cette confrontation leur a permis de découvrir quinze donneurs de sang morts d'une nvMCJ dans les années suivant leurs dons. Les auteurs ont ensuite tenté de retrouver l'ensemble des sujets qui avaient reçu les produits sanguins donnés par ces quinze individus pour s'assurer de leur état de santé. Quarante-huit de ces transfusés ont pu être identifiés.
C'est l'histoire d'un de ces quarante-huit patients qui laisse supposer que la nvMCJ pourrait se transmettre via la transfusion de sang contaminé. En 1996, cet homme, alors âgé de 62 ans, a reçu deux unités d'hémoglobine au cours d'une intervention chirurgicale. Une des deux unités provenait d'un donneur de 24 ans mort d'une nvMCJ au début de 2000.
Vers la fin de 2002, plus de six ans après son opération, le patient transfusé est devenu triste et irritable. Cette dépression a résisté aux traitements classiques et l'état du patient n'a cessé de se dégrader. Différents symptômes neurologiques sont apparus les uns après les autres : trouble de la démarche, chutes, difficultés motrices...
Six mois après l'apparition des troubles dépressifs, le patient a dû être hospitalisé. Il est mort sept mois plus tard. Sur son certificat de décès, la démence était notifiée comme cause de la mort. Cependant, une autopsie a été réalisée : elle a permis de conclure qu'une nvMCJ était à l'origine du décès de ce malade. Pour Llewelyn et coll., un lien entre la transfusion et la maladie est possible.
Cependant, aucune donnée ne peut prouver l'existence de ce lien. Selon les statistiques, la probabilité de développer une nvMCJ était pour cet homme de l'ordre de 1/15 000 à 1/30 000, avant la transfusion. Pour les auteurs, le fait qu'il ait développé la maladie malgré ces statistiques, et cela après avoir reçu le sang d'un donneur lui-même contaminé par le variant du prion, ne peut être un hasard et constitue un argument en faveur de l'existence de ce lien.
Mais rien ne permet d'affirmer que le patient n'a pas contracté la maladie par le biais de son alimentation.
Bref, cette étude n'apporte aucune certitude quant au pouvoir contaminant du sang dans la nvMCJ. Elle ne fait que relancer le débat.
Quoi qu'il en soit, en France, tout donneur de sang doit répondre à un questionnaire recherchant des cas familiaux de MCJ, un traitement par hormone de croissance, une greffe de dure-mère, une transfusion antérieure. De plus, les échantillons sanguins prélevés sont déleucocytés (le prion est associé aux leucocytes) et soumis à une microfiltration destinée à retenir d'éventuelles protéines prion. Enfin, depuis 2001, les personnes qui ont séjourné au Royaume-Uni plus de six mois entre 1980 et 1996 sont exclues du don du sang.
* « Le Quotidien » du 8 janvier 2004.
Llewelyn et coll., « The Lancet » du 7 février 2004, pp. 417-421.
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