Artériopathies oblitérantes

Un donneur de NO favorise la revascularisation

Publié le 26/05/2008
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DES ÉTUDES préliminaires ont montré que le nitrite de sodium peut agir comme un donneur de NO (monoxyde d'azote) chez l'homme et qu'il protège des modèles animaux contre les lésions d'ischémie/reperfusion hépatiques ou cardiaques et d'autres pathologies dans lesquelles interviennent une ischémie tissulaire ou une baisse du taux de NO. Ainsi, l'équipe du Dr Dinesh Kumar (Louisiane) a eu l'idée de mettre en place une étude sur l'intérêt de cette molécule dans le traitement des ischémies artérielles aiguës et chroniques.

Les chercheurs ont d'abord analysé l'effet-dose du nitrite de sodium chez des souris dont le membre inférieur avait été ligaturé de façon progressivement croissante pendant quatre jours. L'injection par voie intraveineuse de nitrite de sodium a permis une amélioration du flux sanguin distal. C'est à la dose de 165 µg/kg que l'effet était le plus prononcé. L'injection simultanée d'un piégeur de NO a limité l'action de revascularisation du nitrite de sodium. Au niveau du membre controlatéral sain, le traitement n'a pas modifié le flux sanguin.

Prolifération des cellules endothéliales.

Les auteurs ont ensuite analysé les modifications de l'angiogenèse induite par l'ischémie chez les animaux perfusés avec différentes doses de nitrite de sodium. Localement, le nombre des cellules endothéliales CD 31 était majoré dans les muscles de la région ischémique. C'est encore une fois avec la dose de 165 µg/kg que cette réaction était la plus importante. Au niveau du membre controlatéral, aucune différence significative n'a été notée. Dans ce contexte aussi, l'injection d'un piégeur de NO a annulé l'effet du nitrite de sodium. Outre l'effet sur les marqueurs de l'angiogenèse, les auteurs ont retrouvé une majoration de la prolifération des cellules endothéliales chez les animaux traités de façon accrue.

L'équipe du Dr Kumar a aussi analysé l'effet du nitrite de sodium au long cours chez les animaux qui souffraient d'artérite chronique. Au moment de l'introduction du traitement, le taux de nitrite intratissulaire du membre artéritique a été majoré, mais rapidement, à la dose de 165 µg/kg, les auteurs ont constaté une stabilisation. Globalement, ce taux était plus élevé dans le membre malade que du côté sain, ainsi que l'expression de la protéine eNOS. Par ailleurs, les auteurs ont montré que le taux des métabolites du NO et du cGMP tissulaires étaient majorés dans les tissus sous-jacents chez les animaux souffrant d'artérite chronique. Enfin, ils ont montré que, même dans le modèle d'artérite chronique des membres inférieurs, le nitrite de sodium utilisé à moyen terme permet d'augmenter l'artériogenèse.

Pour les auteurs, «l'angiogenèse implique différents mécanismes intriqués tels que la signalisation des voies d'activation des cellules endothéliales, le remodelage de la matrice et la maturation vasculaire. En trois à sept jours, le traitement par nitrite de sodium permet de restaurer un flux sanguin d'aval chez les souris qui souffrent d'artérite aiguë ou chronique des membres inférieurs. À plus long terme, on assiste à des phénomènes d'angiogenèse en rapport avec l'ischémie qui tendent à pallier la diminution du flux sanguin par la multiplication des vaisseaux. Le nitrite de sodium est facile et peu onéreux à produire, son profil de sécurité a déjà été prouvé et il pourrait être utilisé dans plusieurs indications vasculaires aiguës et chroniques».

« PNAS » édition avancée en ligne.

> Dr I. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8378