THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
Dans une nouvelle version, plus brève, plus dense de Pierre Laville, la célèbre comédie est jouée par une troupe de bons acteurs mis en scène par Alain Sachs. Clémentine Célarié, comédienne généreuse et franche, est parfaite dans le rôle-titre.
Depuis la création, en 1893, de cette pièce fleuve de Victorien Sardou et Emile Moreau par Réjane, de nombreuses Madame Sans-Gêne se sont succédées sur les planches ou les plateaux de cinéma. La liste est longue des interprètes : abattage et sensualité, acidité, insolence naturelle. Peu de traits communs de la créatrice à Cassive, Mistinguett, Jane Sourza, Annie Cordy, Jacqueline Maillan, Sophie Desmarets (pour la télévision), Dora Doll, ou encore, au Français, où la pièce entra au répertoire en 1938, Beatrix Dussane, Lise Delamare, Béatrice Bretty, sans oublier, à Sarah-Bernhardt, Madeleine Renaud face à Jean Desailly (Napoléon) et Jean-Louis Barrault (Fouché). Au cinéma, elles sont aussi légion de Réjane et Gloria Swanson (films muets) à Arletty ou Sophia Loren.
Le personnage est légendaire que Sardou emprunta à la réalité : Catherine Hübscher, blanchisseuse, alsacienne, épousa bien en 1783 le sergent Lefebvre, alsacien lui aussi, futur maréchal d'Empire. Elle reçut bien le titre de duchesse de Dantzig. Mais elle n'avait pas été cantinière héroïque. Sardou s'inspira d'une autre figure célèbre de l'époque, vivandière et vaillante combattante, effectivement surnommée Madame Sans-Gêne.
Clémentine Célarié, qui crée cette version « allégée » (la pièce de référence dure quatre heures), a pour atout principal quelque chose de franc, de bon, de simple, une belle santé, une beauté sereine, sans apprêt, qui lui vaut, dans tous ses rôles, au cinéma comme au théâtre, l'immédiate sympathie du public. Autant dire qu'elle est une Madame Sans-Gêne attachante, vraie, sans coquetterie de jeu. Elle y va, mais avec finesse, amour. Elle est d'une sincérité touchante. Elle ravit les spectateurs.
Pierre Laville a conservé un foisonnement de personnages (près de vingt-cinq contre cinquante pour l'original) et les scènes principales. Beaux décors, costumes chatoyants, tout ici est fait pour séduire un public qui se contente de cette histoire un peu simple - et qu'il connaît en général par cur. La mise en scène d'Alain Sachs est vive, tout en demeurant assez conventionnelle. La musique donne une couleur un peu lourde à l'ensemble. Mais après tout, c'est le style Empire !
Théâtre Antoine-Simone Berriau, à 20 h 30 du mardi au vendredi, à 17 heures et 21 heures le samedi, à 15 h 30 le dimanche (01.42.08.76.58). Durée : 2 h 30 entracte compris. Le texte de l'adaptation de Pierre Laville est publié par « L'Avant-Scène Théâtre ». Et toujours, au foyer du théâtre, une remarquable exposition Louis Jouvet.
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