La mise en place, pendant deux mois, d'un fixateur externe chez des patients souffrant d'une gonarthrose, permet de diminuer les pressions exercées sur le cartilage articulaire et favorise ainsi sa réparation, en entraînant un agrandissement de l'espace articulaire. Cette technique apparaît efficace sur le plan clinique et radiographique et pourrait être particulièrement profitable chez les sujets jeunes, en allongeant le délai avant la pose d'une prothèse du genou.
LES FACTEURS mécaniques jouent un rôle manifeste dans le développement et l'aggravation de la gonarthrose. Acontrario, une diminution des pressions exercées sur l'articulation devrait avoir un effet bénéfique. C'est cette hypothèse qui a été testée et confirmée par une équipe néerlandaise dont les travaux ont été présentés au dernier congrès européen de rhumatologie. Chez une vingtaine de patients relativement jeunes (moins de 60 ans) souffrant d'une gonarthrose fémoro-tibiale sévère, un fixateur externe a été mis en place pendant deux mois afin de provoquer une « distraction » de l'espace articulaire de 5 mm. Une évaluation clinique a été effectuée pendant deux ans, ainsi qu'un suivi des biomarqueurs ostéoarticulaires et un contrôle radiographique et en IRM.
Au premier abord, ce procédé apparaît assez lourd pour une pathologie somme toute bénigne. Il s'agissait cependant de sujets gravement handicapés et candidats à la prothèse de genou. Or, comme l'a rappelé le Pr Francis Berenbaum, président du conseil scientifique de l'EULAR 2008, les prothèses du genou ont actuellement une durée de vie limitée à une quinzaine d'années et la gonarthrose est de plus en plus souvent diagnostiquée chez des sujets jeunes, notamment en raison d'un surpoids, voire d'une obésité. Allonger le délai de la mise en place d'une prothèse du genou n'est ainsi nullement vain dans cette population.
Des signes de réparation cartilagineuse.
De fait, les résultats ont été, à la surprise même des auteurs de l'étude, très bons et très rapides. Certes, il s'agit d'un petit groupe de malades, mais, à six mois, tous avaient récupéré une fonction articulaire quasi normale et ce bénéfice clinique s'est maintenu plusieurs années. De plus, l'examen radiographique et en IRM a clairement mis en évidence des signes de réparation cartilagineuse : le volume du cartilage s'est accru de 30 % et son épaisseur de 25 %. Quant aux marqueurs, ils ont été en faveur d'un intense remodelage ostéoarticulaire qui s'est normalisé après le retrait du fixateur. Ces premiers résultats devraient bien sûr être confortés par une étude multicentrique prospective de longue durée. Ce d'autant que des résultats similaires ont déjà été publiés par la même équipe pour l'arthrose de cheville, attestant une amélioration à la fois clinique et radiographique. De plus, chez les trois quarts des patients, les bénéfices se sont maintenus pendant près de dix ans.
D'après la communication du Pr Francis Berenbaum, lors de la conférence de presse organisée par la Société française de rhumatologie, à l'occasion du congrès de l'EULAR 2008 et la communication de F. Intima et coll. (Utrecht, Pays-Bas).
Une consultation spécifique pour l'arthrose digitale
L'arthrose des doigts est non seulement source de douleur et de handicap fonctionnel, mais aussi d'un préjudice esthétique parfois important. Ce que l'on sait moins, c'est que le retentissement clinique de cette pathologie assez fréquente peut être du même ordre que celui d'un rhumatisme inflammatoire et que la gêne esthétique est loin d'être secondaire pour les patients. C'est en partie pour améliorer la prise en charge de cette maladie aux conséquences volontiers sous-estimées qu'une consultation spécifique a été ouverte à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, au sein du service de rhumatologie dirigé par le Pr Francis Berenbaum. L'idée est d'offrir aux patients l'occasion d'un bilan clinique et d'imagerie (notamment par échographie), ainsi que des conseils de rééducation, voire la fabrication d'une orthèse.
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