CETTE EXPOSITION est intéressante à plus d’un titre. Elle célèbre l’art d’Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson (1767-1824), plus connu sous le nom de Girodet, peintre au talent prodigieux (qu’on redécouvrit seulement en 1967 lors d’une exposition organisée à Montargis pour le bicentenaire de sa naissance), élève de David, dont il transcenda la leçon pour atteindre un art d’un classicisme original, annonciateur du romantisme, et sur les oeuvres duquel plane un mystère, une ambiguïté en tout cas. Elle livre également un témoignage intéressant sur l’atelier de l’artiste montargois, véritable cabinet de curiosités. Elle propose enfin de faire découvrir la vie et la carrière de l’un des brillants élèves de Girodet, le peintre François-Louis Dejuinne, en dévoilant une vingtaine de ses oeuvres.
Dejuinne s’inspirait de son professeur et aimait le représenter sur ses toiles. Il prenait pour modèles des personnages illustres, afin de placer Girodet à la hauteur des grands maîtres de la Renaissance italienne et flamande. Le « Portrait de Girodet peignant “Pygmalion et Galatée” », de Dejuinne, est une curiosité. Il figurait en conclusion de la grande rétrospective Girodet du musée du Louvre l’année passée. Ici, la toile de l’élève, seule image connue de l’intérieur de l’atelier de Girodet, est présentée accompagnée d’oeuvres préparatoires, qui livrent ainsi un éclairage sur les conditions de réalisation de ce portrait.
Autre toile majeure de Dejuinne, le « Portrait de Madame Récamier » dans son salon de l’Abbaye-aux-Bois, récemment acquise par le musée du Louvre. On remarquera dans cette oeuvre raffinée la précision extrême des détails. D’autres oeuvres – une vingtaine – évoquent les travaux de l’élève sur la peinture d’histoire, les scènes d’intérieur, les vues d’ateliers du début des années 1820, son voyage en Italie…
A l’instar de Girodet, Dejuinne porte un regard sensible sur les choses et les êtres, aux antipodes de la peinture d’histoire sévère et moralisatrice. L’élève était-il en accord avec la phrase de son maître qui déclarait : «Je préfère le bizarre au plat» ? Visiblement oui.
> D. T.
Musée Girodet (2, rue de la Chaussée), jusqu’au 24 septembre, du mer. au dim. de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30 (jusqu’à 17 h ven.) ; entrée 3 euros (TR 2 euros). A lire : « Girodet » par Anne Lafont, coéditions Biro/RMN, 144 p., 30 euros.
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