LA FREQUENCE des maladies allergiques augmente dans les pays industrialisés. L'allergie aux protéines du lait de vache (APLV) n'échappe pas à cette évolution : c'est la plus fréquente des allergies alimentaires dans la première année de la vie. Selon les données épidémiologiques actuelles, elle toucherait de 2 à 3 % des enfants de moins de 1 an, mais, pour le Pr Christophe Dupont (hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Paris), cette allergie est largement sous-estimée.
L'APLV est parfois difficile à diagnostiquer, car ses manifestations cliniques sont extrêmement variables. Sa symptomatologie peut être digestive, mais aussi cutanée et/ou respiratoire.
Il existe deux types d'allergies aux protéines du lait de vache : l'allergie IgE-dépendante, responsable de manifestations de type immédiat survenant dans les deux heures qui suivent l'ingestion de lait (diarrhée, vomissement, urticaire, choc anaphylactique...), et l'allergie non dépendante des IgE, à l'origine de manifestations retardées (douleurs abdominales, constipation sévère ou diarrhée chronique, eczéma, rhinite, toux chronique, asthme...).
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est une pathologie très banale chez le nourrisson. Il a été établi que l'association d'un RGO et d'une APLV n'est pas fortuite et que, chez un certain nombre d'enfants, le reflux est induit par l'APLV et disparaît totalement après instauration d'un régime d'exclusion.
Outils diagnostiques.
Le test cutané ou « prick-test », de réalisation aisée, étudie la réactivité immédiate et diagnostique les réactions IgE-dépendantes. Il peut être effectué dès les premiers mois de la vie, âge auquel il est peu sensible mais très spécifique.
Le dosage des IgE donne des résultats comparables à ceux des tests cutanés.
En cas de positivité, les IgE spécifiques ont une très bonne valeur prédictive de la réaction allergique.
En revanche, la négativité des IgE spécifiques n'élimine pas une allergie alimentaire ; elle peut, en effet, être compatible avec une forme non IgE-dépendante.
Le patch-test, dont la sensibilité et la spécificité sont respectivement de 79 et 91 %, est un nouvel outil diagnostique des APLV non IgE-dépendantes, qui peut désormais être proposé en première intention.
Il consiste à mettre l'allergène (une goutte de lait) au contact de la peau pendant quarante-huit heures, la lecture se faisant ingt-quatreheures après avoir retiré le patch.
Prévenir et traiter l'APLV.
Des recommandations pour la prévention primaire élaborées par diverses sociétés savantes s'appliquent aux nouveau-nés à risque (issus d'une famille d'atopiques). L'utilisation d'un lait hypoallergénique (lait HA) pour les enfants qui ne sont pas nourris au sein en fait partie.
Quant au traitement de l'APLV, il repose sur l'éviction des protéines lactées bovines avec un régime de remplacement assuré par des hydrolysats de protéines et, en cas de mauvaise tolérance, par des préparations à base d'acides aminés.
Ce régime sera poursuivi jusqu'à l'âge de 9 mois à 1 an. La réintroduction du lait se fera de façon très progressive par petites quantités. Plusieurs essais sont souvent nécessaires à 15 mois, voire à 2 ans. L'APLV disparaît vers 5-6 ans.
MEDEC, point presse « L'allergie au lait et sa prévention » parrainé par le Laboratoire Menarini.
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