AVEC UNE prévalence estimée à environ 4 à 5 % de la population adulte masculine, les pathologies respiratoires du sommeil, et au premier plan le syndrome d'apnées obstructives du sommeil, représentent depuis quelques années un motif très fréquent de consultation. Jusqu'alors, le diagnostic, suspecté cliniquement, ne pouvait être confirmé que par la réalisation d'un enregistrement polysomnographique du sommeil, examen pratiqué en milieu hospitalier public ou privé. Les délais, souvent de plusieurs mois, et les coûts liés à cet examen ont conduit à proposer la pratique de la polygraphie ventilatoire, examen pouvant être réalisé en ambulatoire, mais n'ayant de valeur que lorsqu'elle est positive.
Les recherches intensives menées dans le domaine du diagnostic des troubles respiratoires du sommeil ont permis de développer d'autres techniques.
«Nous disposons désormais d'appareils permettant un véritable enregistrement polysomnographique en ambulatoire, permettant de recueillir les paramètres détaillés du sommeil (stades, qualité, microéveils...) et respiratoires (apnées, hypopnées, saturation…)», explique le Dr Francis Martin. Les progrès techniques permettent de mettre au point un matériel de volume relativement réduit, le boitier portable ayant le volume d'un livre de poche.
En pratique, le patient suspect d'un trouble respiratoire du sommeil est équipé, en consultation, en ville ou en milieu hospitalier, de capteurs reliés à un petit boitier. Après une nuit passée à son domicile, il revient en consultation et les données enregistrées dans le boitier sont transférées à un ordinateur qui les analyse. «Bien qu'il existe un logiciel d'aide à l'analyse, l'interprétation et la validation des résultats doivent impérativement être effectuées par le praticien, insiste le Dr Martin. La Fédération française de pneumologie prépare actuellement une charte de bonne conduite pour les pneumologues et les prestataires, afin d'éviter toute dérive dans ce cadre.» Il est bien sûr essentiel que les pneumologues soient formés à l'interprétation de ces données et, plus largement, à l'ensemble des pathologies respiratoires du sommeil. Une enquête menée à la fin de l'année 2007 fait un état des lieux très positif, la très grande majorité des praticiens ayant d'ores et déjà reçu une formation, qu'il s'agisse d'un diplôme universitaire, d'un diplôme interuniversitaire ou, cas le plus fréquent, des ateliers d'Arcachon.
Un sommeil plus physiologique.
Au-delà de son impact majeur sur les délais de rendez-vous, qui sont désormais de l'ordre de 2 à 3 semaines en libéral, la polysomnographie en ambulatoire présente d'autres avantages. Une nette réduction des coûts, puisqu'elle mobilise moins de moyens en lits, en personnel, mais aussi un enregistrement dans les conditions habituelles de vie, le sommeil étant alors plus physiologique qu'à l'hôpital ou en centre spécialisé.
«Les échecs techniques sont peu fréquents; dans notre expérience à Compiègne, 30% des 500 enregistrements annuels sont réalisés en ambulatoire et le taux d'échec est de 2 à 3%», précise le Dr Martin.
Cette technique a bien sûr des limites, qui tiennent au patient ou à la pathologie.
Pour un sujet habitant dans une zone un peu isolée et devant faire un long trajet pour venir en consultation, il paraît difficile, d'une part, de venir deux fois en 24 heures et, d'autre part, de faire le trajet muni de capteurs. Il faut également tenir compte de la capacité de compréhension de la technique par le patient.
Des limites.
Par ailleurs, si la polysomnographie en ambulatoire est tout à fait adaptée au diagnostic du SAOS (un arbre décisionnel sera prochainement publié, sous l'égide de la SPLF en association avec d'autres sociétés savantes), elle l'est moins pour d'autres pathologies, notamment pour le mouvement périodique des jambes, où les électrodes sont collées sur les membres inférieurs, ce qui est peu compatible avec les déplacements. De même, l'exploration d'une narcolepsie impose un enregistrement en milieu spécialisé, pour permettre de réaliser les tests diurnes d'endormissement. Enfin, chez un patient ayant un SAOS traité par pression positive continue et ne s'améliorant pas malgré une bonne observance, une polysomnographie doit être effectuée en milieu hospitalier pour rechercher une pathologie associée.
*D'après un entretien avec le Dr Francis Martin, chef du service de pneumologie, centre hospitalier, Compiègne.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature