DE NOTRE CORRESPONDANT
C’EST D’ABORD un constat qui est à l’origine de la huitième journée d’étude organisée par le Groupe nantais en pédopsychiatrie. «Les troubles involontaires convulsifs, les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles de l’hyperactivité occupent désormais une grande place dans nos consultations, explique le Pr Michel Amar, pédopsychiatre au CHU de Nantes et président du Groupe. Le nombre d’enfants qui nous sont adressés pour une éventuelle hyperactivité est en constante augmentation. Depuis une dizaine d’années, on parle davantage de ce syndrome et les médecins nous disent que les parents exercent une pression sur eux pour que soit prise en charge la soi-disant hyperactivité de leur enfant.»
En fait, dans la consultation créée en 2003 au CHU de Nantes et assurée conjointement par un pédopsychiatre et un neuropédiatre, le nombre d’enfants diagnostiqués comme étant réellement hyperactifs n’augmente pas, malgré la progression du nombre de consultations. De plus, note le Pr Amar, «seulement 12% des enfants qui nous sont adressés, ce qui constitue donc une population ciblée, seront soignés au méthylphénidate –le psychostimulant donné dans les cas d’hyperactivité–, ce qui est très peu!».
Ces observations expliquent l’intérêt que soulève chez les professionnels l’explosion de la consommation de ce que certains appellent «la pilule de l’obéissance». Ce sont ainsi 171 276 boîtes de Ritaline et de Concerta, les deux marques qui commercialisent ce dérivé amphétaminique venu des Etats-Unis, qui ont été vendues en 2004 contre 53 488 en 2000*.
Les trois médecins.
En guise d’introduction aux interventions, les organisateurs ont proposé plusieurs saynètes humoristiques pour illustrer l’étendue des réponses qui sont apportées aujourd’hui aux parents et aux enfants : les premiers sont désemparés, les seconds sont en souffrance la plupart du temps. Entre un premier médecin, favorable au bout de cinq minutes au traitement médicamenteux pour ce qui lui semble être un cas «classique» d’enfant hyperactif. Le deuxième, pédopsychiatre et psychanalyste, surtout psychanalyste, invite l’ensemble de la famille, à commencer par la mère, qui a l’air bien dépressive, à entreprendre un travail introspectif qui sera «long». Enfin, le troisième préfère s’adresser en priorité à l’enfant…
Au milieu des trois professionnels, la mère aurait préféré recevoir l’accueil d’une « Super Nanny », l’héroïne d’un programme de télé-réalité de M6 !
L’hyperactivité est une pathologie très étudiée, note le Pr Pascal Lenoir, pédopsychiatre au Chu de Tours. Or, dès que les premières investigations sont engagées sur ce sujet, la référence psychiatrique et la référence neurologique émergent. Cela peut expliquer «le flou sémiologique», cité par le Pr Lenoir, qui peut être à l’origine de la controverse actuelle, illustrée lors de cette journée par les trois médecins protagonistes des saynètes. Mais, selon le pédopsychiatre, «cela reste un problème de santé publique, avec, d’après les études, entre 3 et 5% d’enfants concernés dans la population générale, une prévalence de 2 à 5% chez les adolescents».
> OLIVIER QUARANTE* « Le Monde » du 23 novembre 2005 citant les chiffres de l’assurance-maladie.
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