Alcoolisme chronique

Un diabète de type 2 au niveau du cerveau

Publié le 17/06/2008
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ON SAIT QUE l'éthylisme chronique peut provoquer des altérations définitives du cerveau, se manifestant notamment sous la forme d'un syndrome de Wernicke-Korsakoff, par carence en thiamine (vitamine B1). Mais cette carence vitaminique n'explique pas tout. Par ailleurs, l'alcool peut aussi exercer un effet neurodégénératif en entraînant une résistance à l'insuline et à l'IGF1 (Insulin-like Growth Factor 1). Des études chez l'animal l'avaient suggéré, une analyse sur des cerveaux humains réalisée en post-mortem tend à le confirmer.

Suzanne de la Monte et coll. ont réalisé l'étude anatomopathologique de cerveaux de sujets qui avaient fait don de leur corps et chez qui l'alcool était strictement le seul toxique d'abus au long cours.

Six hommes alcooliques ont été comparés à six sujets normaux (âge moyen : 57,7 ans). On a analysé le cortex cérébelleux dans la région antéro-supérieure du vermix, et le gyrus cingulaire antérieur du lobe frontal, deux régions cibles de la neurotoxicité de l'alcool.

Une résistance à l'insuline et à l'IGF1.

L'analyse montre dans ces régions une résistance à l'insuline et à l'IGF1. On observe une perte des neurones et de leurs connexions, et une réduction des neurotransmetteurs utilisés dans les fonctions d'apprentissage et de mémorisation. Les lésions du cervelet peuvent rendre compte des troubles de l'équilibre et des chutes qui surviennent chez les alcooliques.

De la Monte et coll. soulignent que l'insulinorésistance qu'ils ont observée est similaire à ce qui survient dans le diabète de type 2. Ces anomalies pourraient-elles être traitées de la même manière qu'un diabète de type 2 ? La question est posée par ces auteurs.

L'action de l'insuline sur le fonctionnement du cerveau est à l'étude depuis quelques années. «Les scientifiques estiment maintenant que la réduction de l'insuline et/ou la perte de la faculté des cellules cérébrales à répondre à l'insuline peuvent aboutir à une neurodégénérescence, y compris à la maladie d'Alzheimer. L'alcool est susceptible d'exacerber ce problème.»

Les recherches chez l'animal avaient montré que l'alcool dissout les lipides constituant la membrane des cellules cérébrales et altère les récepteurs membranaires à l'insuline.

« Alcoholism : Clinical & Experimental Research », publications à venir dans le numéro de septembre et actuellement en ligne.

> Dr BÉ. V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8394