LA FAMEUSE « fracture sociale » a fait long feu. Ce qui est marquant aujourd'hui, démontrent les géographes Christophe Guilluy et Christophe Noyé dans l' « Atlas des nouvelles fractures sociales en France », ce n'est pas tant la paupérisation de certaines cités que l'embourgeoisement des centres : les couches supérieures se concentrent dans les centres urbains, quartiers populaires inclus, comme le prouve le phénomène « bobo » ; c'est ce qui est en train de se passer dans l'Est parisien, par exemple.
Cet embourgeoisement des centres provoque une « ghettoïsation par le haut » : le poids politique et culturel de ces territoires ne cesse de se renforcer, la ville est pensée prioritairement en fonction des besoins de ces populations, qui sont aussi les plus impliquées dans la sphère publique - partis, syndicats, associations.
En même temps que cette nouvelle bourgeoisie émergent de nouveaux prolétaires. La précarisation des couches populaires s'étend désormais aux classes intermédiaires ; les auteurs analysent notamment ce phénomène dans les villes nouvelles, conçues pour la classe moyenne, comme Cergy ou Melun-Sénart.
Le résultat est une « France périphérique » - ou France « aphone » - formée de populations autrefois opposées et désormais unies : l'ouvrier en milieu rural, le petit paysan, l'employé d'un lotissement pavillonnaire bas de gamme et le chômeur de banlieue connaissent tous une insécurité sociale et un sentiment de relégation culturelle.
Des mutations lourdes de conséquences, démontrent les auteurs, dans une analyse du vote extrême et de l'abstention.
Éditions Autrement, 64 p., cartographie de Dominique Ragu, 14,95 euros.
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