LES ANCIENS du baby-boom et leurs aînés, devenus des seniors, entendent pour la plupart ne pas être de sitôt à la retraite sexuelle. La soixantaine est d’ailleurs de plus en plus souvent une phase de détresse conjugale avec une progression des divorces tardifs et des recompositions de couples. L’activité sexuelle est considérée comme partie intégrante de la qualité de vie, même en institution, et la majorité des 70-80 ans se déclare en faveur d’un traitement d’une dysfonction érectile.
Les trois quarts des hommes de plus de 65 ans restent sexuellement actifs ; pourtant plus de 40 % se déclarent insatisfaits de leur sexualité. L’étude MMAS (Massachusetts Male Aging Study) établit à 70 % la probabilité de dysfonction érectile pour un homme de plus de 70 ans. Les sexologues soulignent qu’une baisse d’activité sexuelle peut induire un déficit en androgènes et une réduction du monoxyde d’azote cellulaire dans les tissus érectiles avec fibrose progressive entretenant la dysfonction. Parallèlement peuvent apparaître des troubles urinaires, cardio-vasculaires, iatrogènes et une diminution des androgènes liée à l’âge (Dala) auxquels s’ajoutent parfois dépression, tabagisme, surpoids qui majorent les symptômes.
Concerne le couple.
La prise en charge de troubles de l’érection doit être globale et concerner le couple, de préférence. Le bilan prostatique et la recherche d’un Dala sont importants. En pratique sont demandés : testostérone, PSA sériques, glycémie à jeun, bilan lipidique. Certains traitements peuvent être modifiés après avis du prescripteur. Il faut aussi vérifier l’aptitude physique au rapport sexuel : sujet capable de monter rapidement deux étages ou de marcher 20 minutes tous les jours…
S’il n’y a pas de maladie coronarienne connue, que le patient est actif, asymptomatique et a moins de trois facteurs de risque cardio-vasculaire, un Ipde 5 (inhibiteur réversible et sélectif de la phospho-diestérase 5) peut être prescrit avec les mêmes précautions et contre-indications (en particulier prise de dérivés nitrés) que pour les sujets plus jeunes. Dans les autres cas, un avis du cardiologue est nécessaire (consensus de Princeton).
L’efficacité et les effets indésirables des différents Ipde 5 testés chez les plus de 65 ans sont comparables à ceux observés chez les plus jeunes. Une étude sur trois mois chez des hommes de différentes classes d’âge ayant une dysfonction érectile montre que 65 % des hommes de plus de 64 ans ont pu avoir au moins un rapport sexuel (2 à 4 pour 87 %) après la prise de tadalafil, des pourcentages comparables à ceux de la tranche d’âge des 45 à 64 ans (71 et 90 %). Rappelons que Cialis est efficace (après stimulation sexuelle) dès la 16e minute et jusqu’à 36 heures après prise du comprimé (pas d’interaction avec l’alcool et l’alimentation). Un traitement substitutif androgénique peut être proposé si nécessaire. L’intérêt d’une association avec un Ipde 5 est à confirmer. Selon certains experts, il ne faut pas hésiter à proposer en seconde intention le système d’érecteur à dépression que les «vieux» couples, paraît-il, acceptent plutôt bien…
Traiter une dysfonction érectile c’est aussi contribuer à l’amélioration de la sexualité de la partenaire. L’enquête FEMALES auprès de 293 femmes, partenaires d’hommes traités par Ipde 5, montre que le traitement contribue à améliorer le désir, le plaisir, l’orgasme et la satisfaction chez ces femmes, pour un tiers, âgées de plus de 65 ans.
Marseille, Aihus 2006, symposium Lilly-Icos, avec les Drs N. Grafeille (Bordeaux), M.-H. Colson, P. Bonfil et B. Cuzin (Lyon), le Pr G. Ribes (Lyon).
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