Le rôle du microbiote intestinal dans les maladies métaboliques a été mis en évidence chez l’animal et chez l’homme il y a déjà quelques années. Plusieurs faits marquants sont venus étayer ce lien. Par exemple, alors que des souris dépourvues de microbiote (germ-free) restent minces malgré la consommation d’aliments gras et sucrés (3), elles deviennent obèses lorsqu’on leur transfère le microbiote de souris obèses (4). Il semble qu’une altération du microbiote entraîne une augmentation de la quantité d’énergie récoltée à partir du bol alimentaire (4, 5). À l’inverse, chez l’homme, le transfert du microbiote de donneurs sains à des sujets obèses ou diabétiques permet d’améliorer, de façon légère mais significative, respectivement le poids et la glycémie de ces sujets, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles approches thérapeutiques (6).
Les acides gras à chaîne courte produits par les bactéries du microbiote constituent à la fois des substrats énergétiques et des régulateurs du métabolisme énergétique de l’hôte (7). Ils pourraient ainsi influencer le risque de diabète et expliquer en partie le lien entre microbiote et maladies métaboliques (8, 9).
Les antibiotiques source de dysbiose
Certaines dysbioses intestinales sont associées à une inflammation chronique de bas grade et à une augmentation de la perméabilité intestinale, qui favorisent la pénétration de composants bactériens dans le milieu intérieur. Ce phénomène contribuerait au développement d’une insulinorésistance chez l’animal (10) et à un risque plus élevé de diabète chez l’homme (11). Les antibiotiques, couramment utilisés dans les pays occidentaux, sont connus pour altérer l’équilibre du microbiote intestinal et peuvent être à l’origine d’une dysbiose. Dès lors, la question se pose de savoir s’ils pourraient contribuer au développement de maladies métaboliques. La littérature apporte déjà plusieurs éléments de réponse. Dans des modèles de souris, la dysbiose provoquée par de faibles doses de pénicilline altère l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme et induit une adiposité (12, 13). De récents travaux chez l’homme indiquent aussi qu’une exposition aux antibiotiques durant les premières années de vie augmente le risque de surpoids et d’adiposité centrale à l’âge adulte (14).Un lien démontré entre exposition aux antibiotiques et développement du diabète
Plus récemment, les travaux de Boursi et al. ont directement évalué l’impact d’une exposition aux antibiotiques sur le risque de diabète. Grâce à une étude cas-témoins impliquant plus d’un million de personnes, âgées de 60 ans en moyenne et suivies sur une période de 18 ans, cette équipe américano-israélienne a mis en évidence une relation dose-effet entre le nombre de cures d’antibiotiques sur une période de plus d’un an et le risque de diabète. Les résultats montrent que le risque augmente dès la deuxième cure et jusqu’à la cinquième, et ce, pour différentes familles d’antibiotiques, pénicillines, céphalosporines, macrolides et quinolones. Ces dernières impactent plus fortement le risque de diabète puisque les patients exposés à plus de cinq cures de quinolones présentent un risque augmenté de 37 %.Ce surrisque associé aux antibiotiques reste encore perceptible pour des expositions plus anciennes, laissant suggérer qu’il est indépendant d’un état prédiabétique. Il est à noter qu’aucune association n’a pu être retrouvée avec les antiviraux ou les antifongiques (15).
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