LE SYNDICAT national des psychiatres privés (Snpp, regroupant «1000adhérents») tire à boulets rouges sur l’avenant conventionnel n° 10 consacré au nouveau mode d’emploi de la psychiatrie libérale.
Signé le 19 décembre, ce texte réserve aux seuls patients de moins de 26 ans l’accès direct aux psychiatres sans aucune pénalité financière (« le Quotidien » du 22 décembre). «Par cet avenant, les partenaires conventionnels ont pris une très lourde responsabilité quant à l’évolution de la santé mentale en France», affirme dans un communiqué le Snpp, qui demandera «des comptes quand ses conséquences désastreuses seront manifestes».
Le Snpp exprime ainsi un point de vue diamétralement opposé à celui du Syndicat des psychiatres français (SPF), l’autre organisation syndicale de la spécialité en médecine de ville. Le SPF a approuvé le rapport d’expertise des Prs Hardy-Baylé et Schmitt auquel se réfère l’avenant.
Sur le fond, le Snpp constate que «l’argumentaire (de ce rapport universitaire) reprend largement (ses) arguments en faveur de l’accès spécifique, bien qu’il en limite artificiellement la portée aux seuls patients âgés de moins de 26 ans». Or, souligne le syndicat, «ce qui est vrai avant 26ans l’est tout autant après». Le Snpp reproche à l’avenant de «mettre en péril les patients qui, confrontés à la difficulté de se confier à leur médecin traitant, retarderont ou renonceront à une demande de soins». En outre, selon lui, il revient à «nier la complexité de la psychiatrie en laissant croire au public que les médecins traitants seraient à même de proposer des réponses thérapeutiques adaptées alors qu’ils n’ont le plus souvent, faute de temps nécessaire, aucun autre recours qu’une prescription de psychotropes».
Quant au nouveau droit aux dépassements tarifaires en secteur I (pour les adultes de plus de 26 ans en accès direct), il «méprise le travail des psychiatres» dont la consultation aurait pu être revalorisée, selon le Snpp, et «ravale le secret médical au rang de marchandise, les patients conservant la possibilité de l’acheter en se plaçant hors parcours de soins s’ils ont les moyens de supporter les pénalités financières».
Le Snpp estime par ailleurs que le texte va «contre l’orientation politique clairement donnée par le décret du 3novembre 2005 qui interdit aux caisses d’assurance-maladie de sanctionner les patients consultant directement un psychiatre» (impossibilité de diminuer de 10 % le remboursement des consultations).
Le syndicat pense décidément que l’avenant n° 10 a tout faux, dès lors qu’il a été «décidé contre l’avis de la majorité des psychiatres tant privés que publics (et) des associations représentatives des patients et de leurs familles».
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