MILLE CINQ CENTS médecins, chercheurs, représentants d'institutions et d'associations sont réunis pendant cinq jours à Marseille pour le 16e congrès de la Fédération mondiale de médecine tropicale*, qui coïncide avec le centième anniversaire de l'école du Pharo. Le choix de la ville de Marseille pour la tenue de ce congrès, qui réunit tous les cinq ans les plus grands spécialistes de pathologies tropicales, et qui n'avait encore jamais eu lieu en France, est un hommage au savoir-faire et au savoir-enseigner des médecins français, et notamment ceux de l'Institut de médecine tropicale du Service de santé des armées (voir encadré).
« Enjeu mondial, la santé sous les tropiques représente un défi pour un développement durable », a souligné d'emblée le Pr Ambroise Thomas, président du comité d'organisation du congrès : les endémies grèvent en effet les capacités de développement de ces pays et contraignent à une redéfinition des priorités financières en matière d'actions locales et d'aide internationale. Le sida apparaît à cet égard comme l'une des préoccupations majeures, le « couple maudit sida-tuberculose multirésistante » étant particulièrement inquiétant. Comme l'ont rappelé plusieurs intervenants, il déclenche une hémorragie qui prive de nombreux Etats de leurs atouts économiques (l'espérance de vie a reculé de quinze ans dans certains pays), il entraîne une perte de revenus et de production dans les familles affectées, tout en créant des besoins dont les coûts peuvent absorber un tiers du revenu mensuel de ménages déjà pauvres. En 2020, le niveau de production des pays affectés sera de 5 à 35 % inférieur à celui qu'il aurait pu être sans le sida, a estimé l'un des orateurs.
Par ailleurs, des maladies dites « de transition » (diabète, affections cardio-vasculaires) viennent s'ajouter aux endémies « historiques » toujours présentes : le paludisme, auquel certains Etats consacrent 40 % de leur budget santé, la maladie du sommeil, qui a resurgi dans les années 1970 à cause d'un relâchement des programmes internationaux et constitue la première cause de mortalité en République démocratique du Congo. Si les traitements appropriés sont appliqués et la lutte antivectorielle menée à son terme, les spécialistes commencent à envisager l'éradication de la filariose lymphatique (120 millions de personnes actuellement touchées) pour 2020 et, plus rapidement, celles de l'onchocercose et de la dracunculose (deuxième cause mondiale d'incapacité permanente).
Connaissances partagées.
Autant de sujets approfondis dans les communications, tables rondes et ateliers qui se tiennent tout au long de cette semaine. Les participants, venus de toutes les régions du monde, sont des médecins et chercheurs civils et militaires, des représentants d'agences internationales et d'institutions de développement, de grandes fondations caritatives, d'ONG et de laboratoires pharmaceutiques. Insistant tous sur la nécessité de conjuguer les efforts entre différentes disciplines, ils sont venus partager leurs connaissances et leurs expériences avec leurs partenaires potentiels, dans le domaine du diagnostic, des traitements, de la prévention et de la recherche (y compris biologie moléculaire et génétique). En conjuguant leurs efforts, ils espèrent dégager ensemble de nouvelles pistes d'action et peser sur les décisions sanitaires et économiques futures.
* Programme sur www.iftm-pharo2005.org.
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