Santé publique

Un défi politique

Publié le 05/07/2010
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Depuis ces vingt dernières années, les questions de santé publique croisent de plus en plus les préoccupations politiques. Au profit des citoyens mais pas seulement…

Les grandes crises de santé publique (affaire du sang contaminé (04/91), scandale de l’amiante, crise de la vache folle (1996), chikungunya (02/2006), grippe aviaire, H1N1) ont mis le politique sur la sellette. Preuve de l’intérêt croissant que portent nos gouvernants aux enjeux de la santé publique, la multiplication des grandes lois sur la santé depuis les années quatre-vingt-dix : sécurité sanitaire (4), bioéthique (2), droits des patients, lois sur l’organisation de la santé publique, lois d’assurance-maladie, etc. La récente loi HPST votée en juillet 2009 accorde une place prépondérante à la santé publique en inscrivant notamment l’éducation thérapeutique dans le code de santé publique. L’heure n’est plus aux grandes orientations étatiques qui entendaient faire le bien commun, de manière comminatoire si nécessaire. Place à la responsabilisation des citoyens.

Le Haut Conseil de la santé publique

L’État s’est doté d’outils pour accompagner ces stratégies. Le plus important est assurément le Haut Conseil de la santé publique, créé par la loi du 9 août 2004 et mis en place en mars 2007. Cette instance d’expertise reprend en les élargissant les missions du Conseil supérieur d’hygiène publique de France et celles du Haut Comité de la santé publique, siégeant respectivement depuis 1848 et 1991. Pour son président, le Pr Roger Salamon, avec la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, « notre pays s’est donné les moyens de mettre en place une vraie politique dans ce domaine. C’est en effet la première fois que des objectifs quantifiés de santé publique ont été définis et formalisés dans un cadre législatif ». 100 objectifs de santé publique ont en effet été annexés à cette loi quinquennale. D’autres instances ont contribué à faire progresser la santé publique : le développement des observatoires de santé et des registres des cancers, les réseaux de surveillance sanitaire comme l’Institut de veille sanitaire (07/98). Ils permettent de suivre l’état de la santé dans les différentes régions françaises. Résultat, « les Français se portent bien. De mieux en mieux même. Il faut s’en réjouir », se félicitait Bernard Kouchner, dans la préface du rapport du Haut Comité de santé publique sur la santé en France entre 1994 et 1998, publié en novembre 1998. En effet, la France a gagné, au XXe siècle plus de vingt-cinq ans d’espérance de vie, avec une augmentation de 4 mois par an. L’espérance de vie sans handicap majeur a connu un accroissement parallèle.

Encore de nombreux défis à relever

Pour autant, de nombreux défis restent à relever : surpoids croissant, alcool, tabac, etc. Il faut se féliciter de l’importance accordée par la loi HPST à la prévention et à la santé publique, dont elle a fait son titre III. En organisant au niveau régional les instances de prévention, des réponses plus fines pourront être apportées territoire par territoire. L’intégration et la reconnaissance de missions de santé publique dans le métier des généralistes représentent également une grande avancée pour l’amélioration de la qualité des soins, la gestion des risques, le développement de pratiques cliniques préventives organisées (vaccinations, dépistages, éducation thérapeutique) et d’activités d’éducation et de promotion de la santé au plus près des populations.

Mais l’une des premières vertus de la santé publique n’était-elle pas d’améliorer l’état de la dette publique liée aux dépenses de santé, qui représentent aujourd’hui 11,3 % du PIB ?

Pierre Derrouch

Source : Décision Santé: 266