L'explosion survenue au sein de l'usine AZF à Toulouse le 21 septembre dernier a relancé de nombreuses interrogations sur la place du risque industriel dans notre société. Incendie, dissémination de produits toxiques, pollution de l'air, de l'eau ou des sols, etc. : le risque industriel peut recouvrir des formes variées. Et peut entraîner des conséquences plus ou moins dramatiques : depuis les simples dégâts matériels jusqu'à la mort de personnes, comme ce fut le cas à Toulouse.
A la suite de cet accident, les autorités françaises ont suggéré de nouvelles mesures pour améliorer la prévention des sites industriels à l'échelle européenne. Par exemple, l'abaissement des seuils applicables aux nitrates d'ammonium recommandé par la directive Seveso 2. Ou encore l'harmonisation des moyens publics de contrôle des sites à risque. Le prochain conseil de l'Environnement européen sera chargé d'examiner de près ces propositions. D'ici là, le gouvernement français veut poursuivre le débat sur les risques industriels au sein de la société.
Ainsi, le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement organise vingt-sept tables rondes régionales, du 15 novembre au 5 décembre*. L'occasion de mener une réflexion de fond, avec tous les acteurs concernés (élus, entreprises, syndicats, associations, services de l'Etat, experts et médias). Critiques et propositions seront les bienvenues. Le débat prendra fin le 11 décembre autour d'une table ronde nationale. Les conclusions des travaux seront remises au Premier ministre.
« Cette initiative, la première du genre, est louable, souligne la secrétaire d'Etat au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, car, jusqu'à présent, les études menées au sein du ministère de l'Environnement sont trop cloisonnées, et les interactions avec les élus locaux trop rares. Il en résulte souvent une difficulté à faire appliquer la loi. »
La parole aux internautes
Le simple citoyen peut prendre part au débat, en se rendant sur le site Web spécialement ouvert pour l'occasion. Un dossier d'information sur les enjeux est mis en ligne. Les synthèses des débats et les suites seront disponibles. La parole est donnée aux internautes ; opinions et questions seront transmises aux ministères concernés.
A l'issue du débat, le gouvernement devra prendre diverses mesures de prévention s'il souhaite réduire les risques industriels en France. Principal objectif à respecter : les impératifs de sécurité du personnel et de la population de proximité. Deux étapes clés de la production de matières dangereuses sont à surveiller de près : le transport et le stockage ; les accidents y sont encore trop fréquents. Dernière preuve en date : le tristement médiatique naufrage de l'« Erika », en décembre 1999.
En outre, la sécurité interne des sites à risque sera réévaluée, de même que leur contrôle extérieur.
Autre préoccupation du ministre de l'Environnement, Yves Cochet : la « conciliation entre activités à risque et urbanisme. La volonté du gouvernement n'est pas de mettre les usines à la campagne. » Pas évident de faire entendre cet argument à des riverains refroidis par l'accident toulousain, qui, rappelons-le, a fait 29 morts et plusieurs centaines de blessés. Une solution à ce problème est toutefois définitivement écartée : la délocalisation des usines françaises à l'étranger. La raison est d'ordre socio-économique. « Nous devons à tout prix maintenir ces industries sur notre territoire pour l'emploi, souligne Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'Industrie. A nous de maîtriser les risques qui en découlent. Prenons l'exemple de l'industrie chimique : il serait dommage de perdre notre position mondiale. » En occupant le quatrième rang mondial, l'industrie chimique française emploie près de 250 000 personnes et représente 16 % de la valeur ajoutée de l'industrie française.
Le débat national lancé par le gouvernement va-t-il apporter des propositions concrètes pour rendre nos usines plus fiables ? Une chose est sûre, d'après Christian Pierret : « Pour l'ensemble des industries à risque, il y aura un après-Toulouse. La modification des relations entre salariés, entreprise et environnement est désormais irréversible. »
* Calendrier du débat national disponible sur le site ouvert à partir du 15 novembre : http://debat-risques.environnement.gouv.fr.
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