LES CHIMIOTHERAPIES anticancéreuses classiques utilisent des cytotoxiques administrés par voie parentérale. Les nouveaux agents sont des cytostatiques qui ne tuent pas directement les cellules malignes (ni les cellules normales), mais inhibent leur activité en agissant sur les oncogènes réglant la croissance tumorale, les enzymes du processus métastatique et la néoangiogenèse indispensable à la croissance tumorale.
Le sorafenib (codéveloppé par Bayer et Onyx) est un cytostatique qui exerce une activité antitumorale à large spectre. Il inhibe plusieurs kinases appartenant à deux classes impliquées dans deux processus clés de la croissance tumorale : la prolifération cellulaire et l'angiogenèse. Nexavar qui est administré par voie orale (400 mg deux fois par jour) permet un traitement ambulatoire continu.
L'essai international de phase III TARGETs, randomisé, mené contre placebo chez 769 patients en soins palliatifs atteints d'un carcinome rénal à cellules claires avancé, montre que la survie sans progression est doublée par rapport au placebo (six mois, contre trois mois), selon les données présentées au congrès de l'Asco en mai 2005. Le bénéfice concerne tous les sous-groupes, avec une réduction du volume tumoral dans la majorité des cas. Après le crossover, en mai 2005, des patients sous placebo vers le sorafenib, on observait toujours une stabilisation (80 % des cas) ou une réduction (plus de 10 % dans 61 % des cas) du volume tumoral. Des données préliminaires montrent, sous sorafenib, une diminution du VEGFR2 soluble (facteur de croissance angiogénique).
Plus de 50 % des patients en vie à 17 mois.
Un bénéfice sur la survie globale apparaît déjà et, selon des données présentées au cours du congrès ECCO 13 par le Dr Bernard Escudier (IGR, Villejuif), coresponsable de l'essai, la médiane de survie (50 % des patients décédés) est de 14,7 mois sous placebo, alors que dans le groupe sorafenib plus de 50 % des patients sont encore en vie à dix-sept mois.
La randomisation de l'essai est d'autant plus importante que la variabilité des manifestations du cancer du rein selon le type de patient rend hasardeuse toute comparaison aux cas historiques. A noter que le carcinome rénal qui touche chaque année plus de 200 000 personnes dans le monde connaît un taux de survie très bas à un stade avancé. Il était considéré comme chimiorésistant.
Les effets indésirables sont des éruptions cutanées, prurit, diarrhée, syndrome pied-main, chute de cheveux, hypertension, fatigue. Aucune toxicité sanguine n'est rapportée.
Un essai ARCCS (expanded Access Program Advanced Renal Cell Carcinoma Sorafenib) va permettre l'accès des patients en Europe et aux Etats-Unis au traitement, jusqu'à l'agrément de Nexavar.
La recherche clinique dans le cancer du rein se poursuit. Le sorafenib va être évalué en traitement de première intention, en association avec un interféron (les premières données indiquent une bonne tolérance de l'association), l'Avastin, et en traitement adjuvant.
Des essais de phase II et III qui font souvent appel à des associations sont en cours dans différents cancers, notamment dans l'hépatocarcinome et le mélanome métastatique.
Séminaire de presse international organisé par Bayer HealthCare.
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