COMME IL Y A des lecteurs fidèles qui ne ratent aucun livre de leurs auteurs préférés – nous en sommes – il y a des auteurs qui ne ratent aucune rentrée d'automne ; c'est le cas d'Amélie Nothomb, qui depuis 1992, publie un roman nouveau pour ensoleiller la fin de l'été. Échappant cependant à la routine car on sait jamais si le livre sera un « bon » Nothomb.
C'est ainsi qu'après le très agréable « Ni d'Ève ni d'Adam » l'année dernière (prix de Flore) – une autofiction qui nous ramenait au temps japonisant de « Stupeur et tremblements » (Grand Prix du roman de l'Académie Française) – « le Fait du prince » est bien décevantC'est l'histoire d'un mec, Baptiste Bordave, que l'on imagine cadre moyen, qui ouvre sa porte à un inconnu soi-disant en panne de voiture et qui, à peine le temps de composer un numéro de téléphone, meurt dans son salon. Craignant d'affronter la police et excité par l'événement qui met du piquant dans sa vie, il endosse l'identité du mort, un certain Olaf Sildur, de nationalité suédoise. Le voilà au volant de sa nouvelle et magnifique voiture, en route vers une somptueuse villa de Versailles, où l'accueille, comme un invité de marque de son mari, celle qui est désormais sa femme. Ici, tout n'est que luxe, calme et volupté. Même si elle est une ex-junkie de Bobigny devenue femme du monde, Sigrid la sublime est toute entière dévouée à son hôte-époux. Alors, s'il essaye, en jouant sur les mots et les quiproquos, de deviner qui était le défunt – un agent secret ? – Baptiste-Olaf renonce vite à comprendre par quel concours de circonstances il est arrivé ici – vaincu par la torpeur voluptueuse qui l'enveloppe. Un bien-être langoureux qui doit beaucoup aux mets fins, au lit douillet, aux paroles lénifiantes, et... au champagne. Amélie Nothomb a fait de Sigrid une blonde éthérée qui ne se nourrit que de ce divin breuvage, uniquement des millésimes des plus grandes marques qu'il suffit de puiser à volonté dans un bassin où les bouteilles baignent à une température idéale. L'image est alléchante, mais ça ne suffit pas à en faire un livre pétillant. L'apparition vers la fin du livre de silhouettes peut-être inquiétantes nous laisse finalement sur notre faim.
Éditions Albin Michel, 170 p., 15,90 euros.
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