CHACUN SAIT que ce drame est la conséquence de conditions d'hygiène épouvantables dans les hôpitaux de Libye et non, comme l'affirment les dirigeants de ce pays, parce que les soignants étrangers ont inoculé le VIH sciemment aux enfants. A une conséquence tragique de leur incurie, les Libyens ont ajouté la calomnie pure ; ils font expier leur propre faute par six personnes parfaitement intègres accourues dans leur pays pour leur venir en aide ; ils les ont emprisonnées, les ont torturées pour leur extorquer des aveux, et leur justice n'a pas pris en compte les rapports d'experts concluant à l'innocence des Bulgares et du Palestinien.
Jamais déni de justice n'aura été aussi flagrant, jamais le cynisme politique, la désignation de boucs émissaires, l'hypocrisie n'ont été mis avec un tel sang-froid au service d'une justice scélérate. A croire que ni le colonel Kadhafi, ni son fils, ni ses juges, ni ses flics, ni les familles des malheureuses victimes ne procèdent jamais à un examen de conscience, qu'ils ne se regardent jamais dans une glace, qu'ils transforment le mensonge en vérité officielle à la barbe du monde et qu'ils ne savent effacer un crime que par un autre crime.
On ne sait pas quand, ou même si, ces malheureux seront libérés. On sait seulement que le monde s'est mis à genoux devant Kadhafi pour qu'il les épargne.
ON NE POUVAIT LES LIBERER PAR LA FORCE; MAIS QU'IL NOUS SOIT PERMIS DE HURLER CONTRE UNE JUSTICE SCELERATEPersonne n'ignore les contraintes de la politique : on ne pouvait certes pas envoyer une expédition pour ramener ces femmes et cet homme. Mais au moins qu'il nous soit permis de hurler contre l'invraisemblable scénario inventé par la Libye ; que quelque part dans la presse soit exprimé l'immense dégoût qu'inspire un tel régime, aujourd'hui encensé par l'Occident parce qu'il a « renoncé » à la bombe et au terrorisme.
Si c'est le cas, on peut dire, sans grand risque de se tromper, qu'au kadhafisme menaçant a succédé un kadhafisme veule, lâche, mercantile ; une dictature qui n'a même pas le courage de reconnaître son erreur bien qu'elle ait assez de pétrole pour indemniser les victimes de ses propres deniers ; un régime insensible, cruel et ignare qui, pour cacher son impéritie, s'acharne, avec tout l'arbitraire dont il est capable, contre six martyrs.
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