Il Y A un siècle, Kraepelin distinguait psychose maniaco-dépressive (circulaire ou périodique) et démence précoce sur des critères de gravité et d'évolution. Depuis, le concept d'une dichotomie entre ce que l'on appelle aujourd'hui troubles bipolaires (BP) et schizophrénie (SZ) s'est construit sur des critères cliniques, d'imagerie, de neuropsychologie (profil des troubles cognitifs) et de thérapeutique médicamenteuse : les troubles bipolaires sont contrôlables par antidépresseurs et régulateurs d'humeur tandis que délires, hallucinations et discordance le sont par les neuroleptiques et les antipsychotiques.
Les classifications actuelles (DSM et ICD) s'appuient sur cette distinction opérationnelle mais en partie réductrice, aujourd'hui revisitée par la recherche qui veut en savoir plus sur des questions en suspens.
L'instabilité diagnostique.
Le clinicien est en effet souvent perplexe face à une instabilité diagnostique (au moins un quart des patients bipolaires évoluent vers la schizophrénie et réciproquement) et au chevauchement des symptômes (troubles thymiques chez environ la moitié des schizophrènes, troubles psychotiques dans les mêmes proportions chez les BP). Les antipsychotiques peuvent être efficaces pour la prévention de rechute des troubles BP ; des régulateurs d'humeur ont été proposés pour les SZ. Une agrégation familiale croisée est retrouvée (risque de schizophrénie chez les apparentés de patients bipolaires et inversement). La place des troubles schizo-affectifs est difficile à situer.
Les deux entités pathologiques ont des similitudes : même prévalence (1 % quelle que soit la culture), âge de début, agrégation familiale, même taux d'atteinte chez les jumeaux…
La distinction n'est donc pas si claire d'autant que l'on peut observer chez les BP : signes mineurs, parfois troubles cognitifs d'exécution et les mêmes facteurs favorisants (saison de naissance, complications obstétricales) que pour la SZ, ainsi qu'une période pré-morbide souvent non exempte de symptômes… La neuro-imagerie montre plutôt des différences de degré d'activation des structures cérébrales concernées…
Les BP pourraient être considérés comme une forme « atténuée » de SZ étant donné les gradients d'expression de certains symptômes et d'impact de facteurs de risque notamment l'héritage familial (beaucoup moins de SZ dans les apparentés de BP que de BP dans celle des SZ).
Au moins quatre gènes.
Des localisations chromosomiques communes aux SZ, BP et troubles schizo-affectifs concernent au moins 4 gènes (notamment celui de la neuréguline 1).
Les études familiales montrent des marqueurs génétiques communs associés à une dimension symptomatique, comme la tendance au délire (SZ avec symptômes positifs et BP avec symptômes psychotiques au cours de épisodes thymiques) et la désorganisation. Il y a une association entre le polymorphisme du gène de la DAOA (D-amino acide oxydase) et les délires de persécution (SZ et BP).
Paris « Recherche en psychiatrie pathologies multiples, modèles communs ? ». D'après F. Bellivier, F. Schürhoff (Inserm U842, Créteil, Paris-XII).
Séminaire organisé par le Collège de France, AP-HP-Inserm avec le soutien de sanofi-aventis et Servier.
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