Cinéma
ACTEUR, METTEUR en scène de théâtre, auteur de plusieurs courts métrages, Safy Nebbou a remporté le Trophée du premier scénario CNC 2002, dont le jury était présidé par Charles Gassot. Le producteur lui a permis de réaliser son premier long métrage, en lui adjoignant pour l'adaptation et les dialogues la très professionnelle Danièle Thompson. Et voilà comment a pu prendre forme « le Cou de la girafe », une histoire émouvante faite d'interrogations sur la famille, ses liens et ses mensonges.
Cela commence dans une maison de retraite médicalisée. L'une des forces du réalisateur est de ne pas avoir peur de montrer des vieux, sans illusion ni apitoiement, avec ce qu'ils n'ont plus mais aussi ce qu'ils peuvent avoir encore, les élans du cœur, un peu de malice. Paul, lui, y dépérit plutôt, dans cet établissement, et les visites de sa fille et de sa petite fille ne le dérident guère. Jusqu'à ce que la gamine, Mathilde, 8 ans, l'entraîne sur les chemins de la liberté, à la recherche d'une épouse dont on n'a plus de nouvelles depuis trente ans.
Avec sa veste rouge et sa fuite dans la forêt, Mathilde fait penser au Petit Chaperon rouge. Il n'y a pas de loup mais, au bout du voyage, une drôle de rencontre. Et dans ce conte doux-amer dans lequel trois générations confrontent leurs désirs de vie et de vérité, chacun peut sans peine reconnaître un peu de son propre imbroglio familial.
Passionné par la direction d'acteurs, Safy Nebbou a disposé d'un matériau hors pair. Claude Rich est tout en nuances et en finesse, sachant exprimer en même temps le vide intérieur du grand blessé de l'amour et le désir de ressentir à nouveau. Sandrine Bonnaire est comme toujours parfaite, avec son sourire si sincère, sur la corde raide entre la fragilité émotionnelle et une grande force vitale. Et la jeune Louisa Pili, avec ses grands yeux et son énergique fraîcheur, ne semble pas avoir peur de n'être pas à la hauteur. Il faudrait aussi citer la bande des vieux menée par Darry Cowl, Maurice Chevit, Marie Mergey...
Nebbou met sa mise en scène, sans effet, au service des acteurs et de son histoire. Et la douce musique de Pascal Gaigne achève de faire de ce premier film une réussite.
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