A QUOI IL FAUT AJOUTER les hommages appuyés d’Alain Juppé et de Dominique de Villepin, moins surprenants toutefois que celui du président de l’UMP. Bref, Jacques Chirac mériterait presque un troisième mandat présidentiel si on ne devait le juger que sur sa politique étrangère.
Aux yeux du plus grand nombre, elle a été non seulement bril-lante, mais prémonitoire en 2003, quand la France s’est dressée contre les Etats-Unis à propos de l’Irak : la suite des événements a cent fois démontré que Chirac avait raison. Le chef de l’Etat avait même prévu ce qui se passe aujourd’hui : la menace de guerre civile et d’éclatement de l’Irak en trois entités distinctes, kurde, chiite et sunnite.
A posteriori, la qualité de l’analyse atténue l’arrogance de la position de la France à l’époque et la gravité du conflit entre alliés qu’elle a déclenchée alors avec les Etats-Unis. Il n’est d’ailleurs pas question de remettre en cause la bonne connaissance que M. Chirac a des affaires du monde en général, et du monde arabe en particulier.
On ajoutera que, conscient que la crise franco-américaine allait inutilement trop loin, et perdant l’espoir de changer M. Bush, le président français a quelque peu « recentré » sa politique étrangère, notamment au sujet d’Israël : il n’a pratiquement pas perdu un instant quand il s’est agi de comprendre la politique de Sharon et l’évacuation unilatérale de Gaza.
Dès le début de la guerre israélo-libanaise, et en dépit de l’amitié particulière que lui inspire le Liban, M. Chirac a dénoncé la provocation du Hezbollah. S’il exige aujourd’hui la levée du blocus israélien, bien que l’Iran n’ait pas renoncé à approvisionner le Hezbollah en armements (et en capitaux), c’est parce qu’il désapprouve la stratégie d’Israël, soutenu par les Etats-Unis, qui consistait à frapper le plus fort possible pour dissuader les extrémistes de tous bord, qui le menacent. Dans cette entreprise, Israël n’a pas obtenu tous les résultats escomptés, de sorte que la position française, encore une fois, semble confirmée par les faits.
UNE CONVERGENCE DES HOMMAGES A CHIRACLes propos enthousiastes de Dominique de Villepin, jamais à court d’une envolée lyrique («Le président de la République est une des figures les plus admirées de la scène internationale»), ainsi que ceux de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé, sont sans doute dictés par le désir d’effacer la mauvaise impression causée par les hésitations du président à envoyer en nombre des troupes françaises au Liban. Ces hésitations nous ont été expliquées d’une façon très rationnelle, notamment par le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie ; à savoir que, dès le début, l’envoi d’un contingent de 2 000 hommes était conditionné à des règles d’engagement qui n’étaient pas encore fixées.
On n’est pas obligé de croire cette version des faits ; on peut aussi imaginer que le président a d’abord décidé de n’envoyer que 200 hommes et qu’il a demandé des garanties à l’ONU lorsqu’il a été critiqué pour sa pusillanimité (en Grande-Bretagne, on a même parlé de « lâcheté ») ; de toute façon, M. Chirac a suffisamment tergiversé pour que les Britanniques et les Américains se déchaînent contre lui, en faisant valoir qu’il est excellent pour les promesses, beaucoup moins bon pour les actes.
Procès certes injuste car la valse-hésitation n’a duré que quelques jours. Mais si aujourd’hui trois hommes importants de l’UMP volent au secours du président, c’est sûrement pour qu’on ne se souvienne que du leadership diplomatique de la France, assorti d’un ferme engagement militaire.
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