L E congrès international qui se tiendra à Paris est le quatrième du genre qu'organise le CIPGS, le Conseil international pour un projet global de la santé, association d'initiative européenne créée par le Pr Claude Jasmin en 1992.
Au cours de ces trois journées*, une approche pluridisciplinaire et internationale tentera de faire un état des lieux planétaire en matière de santé. Avec pour objectif de « proposer des actions concrètes internationales permettant l'accès aux soins médicaux à l'ensemble des humains, pour le siècle à venir », explique le président du CIPGS, le Pr Claude Jasmin.
Lors de sa création en 1947, l'OMS a défini la santé comme « un état de bien-être physique, mental et social ». Son slogan était alors : « La santé pour tous en l'an 2000 ». Un demi-siècle plus tard, le terme santé recouvre des notions plus larges, telles que la diététique, l'hygiène de vie dans les pays riches.
Mais le but fixé par l'OMS n'a pas été atteint. Au vu des disparités actuelles, le projet d'une « santé pour tous dans le monde au XXIe siècle » peut sembler illusoire. « Avant toute chose, il est fondamental de rétablir le droit à la dignité », insiste Michèle Barzach, présidente de la Fondation GlaxoWellcome, ancienne ministre de la Santé. La santé pour tous dans le monde ne passera de l'utopie à la réalité qu'à condition de tenir compte de multiples facteurs, médicaux, scientifiques, économiques, politiques, juridiques, éthiques et sociaux.
C'est pourquoi le congrès réunira à la fois professionnels de santé, industriels et politiques de tous horizons. Au programme, des débats autour des questions suivantes : quelles méthodes, quels savoirs importants pour améliorer la santé et la qualité de vie au XXIe siècle ? Quel rôle pilote les pays avancés peuvent-ils remplir ? Les intervenants seront amenés à caractériser les acteurs et les facteurs sociaux, politiques, économiques et technologiques de la santé et de l'équité dans le monde. En élaborant des modèles applicables aux pays en voie de développement, ils tenteront d'interpeller le marché, l'arsenal technologique et les régimes politiques en place.
Pour les membres du CIPGS, experts en médecine, droit économie et communication, le désir d'élaborer une réflexion internationale est né de plusieurs constats. Actuellement, sur les 56 milliards de dollars investis annuellement dans la recherche médicale, 10 % seulement concernent les maladies qui concernent 90 % de l'humanité. Le déséquilibre Nord-Sud est flagrant. La tuberculose frappe un tiers de la population mondiale, mais peu de recherches vont dans ce sens. En France, les dépenses sanitaires s'élèvent à 15 000 F par an et par personne, mille fois plus que dans les 48 pays les plus pauvres.
La prise de conscience de la nécessité d'une réflexion et d'une action internationale a été favorisée par la récente crise du SIDA. « La polémique actuelle autour de l'accès aux soins des millions de séropositifs africains aura au moins servi à ça. Elle constitue un grand tournant », estime le Pr François Gros, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences et président du conseil scientifique du CIPGS. « J'ai parfois honte de parler de recherche biomédicale, poursuit-il, sachant que ses applications ne concerneront que les privilégiés nordistes, dont je fais partie. »
Il ne faut cependant pas faire porter le chapeau du fossé Nord-Sud aux seules entreprises pharmaceutiques. La responsabilité du déséquilibre actuel est partagée. La pauvreté croissante de certains pays, la stagnation de l'aide fournie par les pays riches depuis vingt ans, les obstacles culturels et l'absence d'infrastructures efficaces sont autant de problèmes qu'il faut résoudre. « J'espère que les progrès à venir en matière de génomique ou de thérapie cellulaire ne vont pas creuser un peu plus le fossé Nord-Sud », conclut François Gros. Le congrès tentera d'apporter des réponses à toutes ces interrogations.
* Renseignements : Valérie Caillon, Régimédia, 17, rue de Seine, 92100 Boulogne. Tél. 01.49.10.09.10. Fax 01.49.10.00.56.
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