Un collectif : la réforme de la médecine du travail est faite « à la sauvette »

Publié le 22/05/2001
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U N collectif intitulé « Pour une autre médecine du travail » s'insurge contre la réforme de la médecine du travail que le gouvernement veut faire passer « à la sauvette », grâce aux six amendements qu'il a ajoutés au projet de loi de modernisation sociale, juste avant l'examen du texte en deuxième lecture à l'Assemblée nationale - qui a commencé hier et se termine aujourd'hui (« le Quotidien » d'hier).

Ce collectif comprend le Syndicat national professionnel des médecins du travail (SNPMT), le syndicat des médecins du travail d'EDF-GDF, l'association Santé et Médecine du travail (SMT), l'union syndicale SOLIDAIRES-« Groupe des Dix », la fédération des cadres et techniciens de la CGT (UGICT-CGT), ainsi que la Fédération des Mutuelles de France.
Les amendements déposés par le gouvernement visent à instaurer une pluridisciplinarité dans la santé au travail (intervention d'ergonomes, d'hygiénistes, de psychologues, etc., aux côtés des médecins), à créer une nouvelle filière d'accès à cette spécialité médicale et, surtout, à renforcer l'indépendance des médecins du travail. Ils concrétisent en fait la réforme souhaitée par Martine Aubry lorsqu'elle était ministre de l'Emploi et de la Solidarité, en tenant compte à la fois de la directive européenne de 1989 sur la prévention des risques professionnels et de l'accord sur la santé au travail signé par les partenaires sociaux en décembre 2000.
Mais pour le collectif, la réforme proposée ne donne pas lieu à « un véritable débat » et ne résout pas les problèmes fondamentaux de la médecine du travail mise en place en 1946. Lors d'une conférence de presse, il a précisé que le « déficit chronique » de médecins du travail s'élève, non pas à 520, comme l'indique le ministère, mais « de 1 000 à 1 500 » postes équivalents temps plein.
Le collectif doute de l'indépendance des experts non médecins appelés à intervenir dans les nouveaux services de santé au travail, d'où le risque à terme de « catastrophes sanitaires » comme l'amiante et les éthers de glycol.
Le collectif aurait souhaité que les représentants des salariés aient la majorité de gestion dans les services interentreprises qui couvrent 90 % des salariés français.

Agnès BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6923