LE TEMPS DE LA MEDECINE
FAUTE D'ETRE greffés à temps en raison d'une pénurie de greffons cardiaques, des patients meurent. L'implantation d'un dispositif de suppléance permet d'assurer un pont en attendant la transplantation. Plus de 5 000 patients ont, dans le monde, reçu ce type de dispositif (pompes d'assistance ventriculaire, dispositifs extracorporels). Parmi ces dispositifs, le coeur artificiel total CardioWest. Implantée dans le thorax en position orthotopique, cette pompe biventriculaire remplace complètement les ventricules et les quatre valves cardiaques du patient. Elle est tapissée d'une couche de polyuréthane et comporte un diaphragme pneumatique à quatre couches. Au volume maximal, ce coeur artificiel peut assurer un débit de 9 l/min. Aux Etats-Unis, la source d'énergie est fournie par une grosse console sur roulettes ; le patient ne peut donc pas quitter l'hôpital. En Europe, le système énergétique est portable.
A quels patients le coeur CardioWest est-il destiné ? Il peut être utile à ceux chez qui les dispositifs d'assistance ventriculaire gauche et biventriculaire sont contre-indiqués (régurgitation aortique, arythmie, thrombus du ventricule gauche, prothèse aortique, défaut septal acquis).
Le 26 août 2004, le « New England Journal of Medicine » (Jack Copoland et coll.) a publié une intéressant étude qui a montré l'intérêt de ce dispositif CardioWest dans l'attente d'une transplantation. « Le Quotidien » a déjà rapporté cette étude* mais il est intéressant d'en reprendre les grandes lignes.
Les 81 patients remplissant les critères d'inclusion (groupe protocole) et candidats à la transplantation cardiaque étaient à haut risque de décès imminent mais l'implantation d'un système d'assistance biventriculaire était écartée pour diverses raisons. Les 35 patients contrôles étaient dans le même état cardiaque que les patients du groupe protocole. Signalons que 14 patients supplémentaires ont reçu le CardioWest à titre compassionnel.
Résultat : une survie jusqu'à la transplantation a été observée chez 79 % des sujets ayant reçu le CardioWest contre 46 % seulement des sujets contrôles. Globalement, le taux de survie à un an a été de 70 % dans le groupe CardioWest contre 31 % dans le groupe contrôle. Enfin, les taux de survie à un an et à cinq ans ont été de 86 % et 64 % dans le groupe protocole et de 69 % et 34 % dans le groupe contrôle.
Dix ans de vie.
Rappelons une histoire marquante publiée dans la rubrique « Perspective » du même numéro du « New England Journal of Medicine ». Il s'agit d'un homme de 52 ans qui est en train de mourir d'une insuffisance cardiaque biventriculaire sévère terminale. Il attend une transplantation depuis plus de un an. Du fait de perturbations hémodynamiques, il est en insuffisance rénale et en insuffisance hépatique. Arrêt cardiaque ; manoeuvres de réanimation ; implantation en urgence d'un coeur artificiel. Quatre mois plus tard, les anomalies métaboliques, cellulaires et nutritionnelles se sont corrigées. Il reçoit un greffon ; pendant les dix années qui suivent, il mène une vie bien remplie.
* « Le Quotidien » du 26 août 2004.
Robert Jarvik, inventeur et médecin
Au milieu des années cinquante, le Dr Paul Winchell annonce la création du premier coeur artificiel. En 1957, l'équipe de William Kolff (d'origine néerlandaise) teste un modèle chez l'animal. En 1969, l'équipe de Denton Colley (Texas Heart Institute) implante un modèle à un patient qui vit soixante heures. Vient ensuite l'ère Jarvik.
Médecin et inventeur, Robert Jarvik est né le 11 mai 1946 dans le Michigan. Il est très adroit de ses mains. Dans ses jeunes années, il invente une agrafeuse chirurgicale automatique et dessine plusieurs instruments chirurgicaux. De quand date son intérêt pour la médecine ? De l'année 1964, lorsque son père est opéré à cœur ouvert.
Avec l'aide de William Kolff, il crée un coeur artificiel appelé Jarvik-7, fait de Dacron, plastique et aluminium. Ce cœur à commande pneumatique est constitué de deux chambres implantables dans la poitrine ; la source d'énergie est externe.
Le Jarvik est testé sur des vaches et d'autres animaux.
En 1982, a lieu la première implantation chez l'homme. Le chirurgien est le Dr William DeVries (université de l'Utah) ; le patient est un dentiste. Le cœur Jarvik-7 marche bien ; le patient vit 112 jours sans avoir quitté l'hôpital. Puis, jusqu'en 1985, cinq autres implantations sont pratiquées. La survie la plus longue est alors de 620 jours. A la fin des années 1980, on peut comptabiliser plus de 70 patients implantés dans 16 centres. Jarvik-7 devient ensuite le coeur artificiel total Symbion 7-70 puis le coeur CardioWest.
Dans l'histoire de la quête du coeur artificiel, les pompes d'assistance ventriculaire occupent une grande place.
Un certain nombre de malades vivent, dans l'attente d'une transplantation, avec une pompe d'assistance ventriculaire gauche, de type Novacor ou Heartmate.
Le système Novacor a été introduit en Europe en 1993. Signalons aussi le Jarvik 2000, pompe rotative miniaturisée.
Sources : www.inventors.about.com, www.northstar, http://sln.fi.edu , www.texasheartinstitute.org, www.umm.edu, www.medspe.com, ejcts.ctsnetjournals.org.
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