En imagerie conventionnelle, il est impossible de visualiser le grêle sans mise en place préalable d'une sonde naso-jéjunale en aval de l'angle de Treitz afin de procéder à un remplissage rapide et suffisant de l'intestin. Un produit de contraste est ensuite injecté afin de rehausser la densité pariétale intestinale et d'obtenir des images de qualité. Ce procédé peut être utilisé avant scanner spiralé (entéroscanner) ou IRM.
Les qualités de l'IRM en matière de visualisation des tissus mous et de reconstitution tridimensionnelle sont particulièrement indiquées pour rechercher des pathologies du grêle, mais le recours obligatoire au tubage nasogastrique en limite sérieusement les applications (les approches non invasives par ingestion d'eau, de jus de myrtille, etc., s'étaient jusqu'à présent soldées par un échec).
La méthode de remplissage du grêle, présentée par une équipe de l'hôpital cantonal de Winterthur, fait appel à la graine d'ispaghul, connue depuis longtemps des colopathes pour ses propriétés hydrophiles. Au contact de l'eau, l'ispaghul forme un volumineux gel non absorbable qui conserve une forte capacité de liaison hydrophile. Cet hydrogel est, en outre, un transporteur idéal pour les produits de contraste hydrosoluble, comme ont pu le constater les radiologues suisses durant leurs expérimentations.
Distinguer le contenu intestinal des tissus
Le remplissage important du grêle combiné à une bonne répartition du produit de contraste a permis d'obtenir des images par IRM de qualité, avec une excellente distinction entre le contenu de la lumière intestinale et les tissus extraluminaux. La visualisation du mur intestinal lui-même n'était pas aussi bonne, mais les investigateurs envisagent déjà d'utiliser différentes techniques de reconstruction pour améliorer la qualité des images.
Les essais menés chez 10 volontaires sains âgés de 18 à 49 ans ont permis d'estimer à 4 heures le délai nécessaire à l'obtention des meilleures images entre l'ingestion d'un mélange ispaghul-produit de contraste et l'IRM.
Comme avec les méthodes invasives, un spasmolytique était administré par voie intraveineuse à tous les candidats (40 mg de scopolamine) pour ralentir le transit après remplissage. Le « cocktail suisse » a été généralement bien toléré, hormis quelques sensations d'inconfort digestif, et les investigateurs ont obtenu une bonne qualité du remplissage intestinal chez 80 % d'entre eux. Les volontaires chez lesquels le produit de contraste était inhomogène et/ou la lumière intestinale mal visible avaient trop bu durant la phase de préparation (l'ingestion de liquide était effectivement admise entre la prise d'ispaghul et l'IRM). « Certes, concluent les auteurs, la méthode demande à être améliorée de même que les images en résonance magnétique, mais nous avons trouvé un moyen non invasif de distendre l'intestin grêle. »
Michael Patak et coll., « The Lancet », vol. 358, 22 septembre 2001.
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