LA FRANCE a bien de la chance. Elle hérite d’un nouveau cinéaste, au talent original, âgé de 27 ans à peine, dont le premier film arrive sur les écrans auréolé de deux prix prestigieux, le Lion du futur (prix de la première oeuvre) du festival de Venise et le Grand Prix du jury du meilleur film de fiction étranger du festival du cinéma indépendant de Sundance.
Gela Babluani est né à Tbilissi, en Géorgie. Son père Temur, lui-même cinéaste (auteur de quatre films, dont « le Soleil des veilleurs », Ours d’argent au festival de Berlin en 1993), l’a envoyé étudier en France, avec ses frères, lorsqu’il avait 17 ans. Et c’est là qu’il a tourné ce film noir, à tous les sens du mot. Ce film sur la manipulation des hommes et la violence dont il serait dommage de dévoiler l’intrigue. On se contentera donc de dire qu’il a pour héros un jeune homme pauvre (incarné par le frère du réalisateur, Georges Babluani) entraîné dans une étrange et dangereuse aventure.
Le réalisateur ne cache pas ses références, voire influences, les grands films soviétiques en noir et blanc, muets, au montage élaboré, que son père l’emmenait voir à Tbilissi. Si l’inspiration est différente, on retrouve dans le jeu du noir et blanc et des lumières, un style expressionniste qu’on avait perdu de vue. Ce style, heureusement, n’est en rien recherche d’un esthétisme abstrait, mais tout entier au service de ce qui est raconté. Comme tous les grands récits, une histoire d’initiation, la fin de l’innocence.
« 13 Tzameti » (tzameti veut dire 13 en géorgien, on l’aura deviné), avec peu de moyens, parvient à susciter beaucoup plus d’angoisse que bien des superproductions. Les visages des acteurs (Aurélien Recoing, Vania Villers et beaucoup d’autres quasi inconnus) sont autant de tronches inoubliables qui donnent une forte personnalité au suspense.
On attend avec impatience le deuxième film de Gela Babluani, « l’Ame perdue du sommet », co-signé par son père, et qui a pour interprètes Sylvie Testud et Stanislas Merhar.
> R. C.
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