UNE FORME assez classique pour ce qui est des romans de formation. Un personnage va à la rencontre d'un certain nombre des figures de sa vie. Ici, cela commence à l'hôpital où s'éteint doucement le père du héros et cela se termine avec ce père. Ainsi le trajet du héros, le trajet de ce « Brooklyn boy » peut-il s'apparenter à un détour. Ou comment revenir à ses racines, comment les accepter. Comment faire de ce qui pesait, sa propre liberté. Le père, et aussi la religion. Ce qui relie, littéralement.
Ainsi va Eric Weiss, remarquable Stéphane Freiss, en scène plus de deux heures durant et sans jamais la moindre faiblesse de présence ou de jeu. Un très grand rôle pour la maturité d'un comédien excellent que l'on est heureux de voir dans l'accomplissement de ses dons, sensible, drôle, profond, grave, toutes les couleurs d'un être humain lucide puisque Eric Weiss est écrivain et qu'en racontant sa vie, il a atteint la notoriété.
Il va aller jusqu'à Hollywood où une scène formidable le met face à une executive woman terrible (épatante Smadi Wolfman) et au bellâtre pas si bête - chargé de l'incarner à l'écran (amusé dans la composition, Stéphane Roux-Weiss). Eric va aussi rencontrer la figure même de sa notorité, une admiratrice prête à tout mais désemparée (la très fine Stéphanie Fagadau).
Il va également revoir sa femme. Une scène plus convenue, il l'aurait étouffée - et moins bien écrite. Elle est « black » (pas la belle-fille idéale, comme elle le dit sans amertume), elle est photographe, mais n'est pas reconnue comme elle pense le mériter, (Aïssa Maiga est encore un peu raide, mais le personnage l'est sans doute également).
Les scènes avec le cousin épicier, Ira Zimmer sont merveilleusement écrites et jouées avec un brio éblouissant par Stéphane Freiss et Serge Kribus, fébrile et touchant (par ailleurs, ne l'oubliez pas, un écrivain considérable).
Enfin, le papa, c'est le délicieux Maurice Chevit. Il fait semblant de ne pas savoir, mais il a tout compris et, à la fin, de l'autre côté du miroir, il tente de donner l'ultime éclairage au chemin du fils. C'est beau.
On rit. On rit beaucoup car l'humour de Donald Margulies est tonique, actif. On est ému car c'est une histoire universelle. Michel Fagadau signe là un bien beau spectacle. Ne le manquez pas.
Comédie des Champs-Elysées, à 21 h du mardi au samedi, à 16 h 30 le samedi, à 17 h le dimanche (01.53.23.99.19). Durée : 2 h 10 sans entracte. Le texte est à paraître à L'Avant-Scène théâtre.
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