LA QUINZAINE des réalisateurs, manifestation très courue au moment du festival de Cannes, fait souvent de bons choix. Emmanuel Mouret peut s’en féliciter. En 2004, les festivaliers ont déjà pu apprécier son ton léger et subtil avec « Vénus et Fleur », son deuxième long métrage. Et, cette année, « Changement d’adresse » a fait la quasi-unanimité.
Mouret incarne David, un joueur de cor qui cherche, sans guère de moyens, un appartement à Paris. Il va en trouver un, en colocation avec Anne, une drôle de fille qui prend la vie avec une candeur désarmante. Et puis il donne des cours à une jeune fille irrésistible, Julia.
C’est vrai, comme on l’a beaucoup écrit, que David fait penser à Antoine Doinel et les dialogues de Mouret à ceux de Rohmer. On a parlé aussi de Woody Allen, mais il ne faudrait pas enfouir le gentil cinéaste sous trop de références.
En tout cas, son personnage ne peut que séduire. Un jeune homme bien sage, respectueux, qui ne dit jamais un gros mot et s’efface sans la moindre tentation de violence s’il croit qu’on ne veut pas de lui. Trop sage pour être vrai, bien sûr, et ce n’est pas le moindre de ses charmes. Voit-on encore, au cinéma, des jeunes avec costume, chemise blanche et cravate ? De là, entre autres, le charme décalé de ce « Changement d’adresse », d’autant que les deux filles ont des comportements qui ne semblent guère plus réalistes et que même le hâbleur joué avec Dany Brillant semble ne pas pouvoir faire de mal à une mouche.
On aime la voix de Mouret, son regard de chien battu, l’acidité sucrée de Frédérique Bel, la fraîcheur de Fanny Valette (justement récompensée par le prix Lumière du meilleur espoir féminin pour son rôle dans « la Petite Jérusalem »). On aime la légèreté et la délicatesse des dialogues tout en se demandant si ce n’est pas un peu trop léger et délicat. Il y a en tout cas un ton rafraîchissant qui mérite le détour.
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