Voilà un spectacle fait pour la belle saison, les soirées douces, les nuits étoilées. Un spectacle que nous avons découvert dans le cadre du festival Molière de Versailles qu'a créé et dirige toujours François de Mazières : une manière fraternelle de partager des moments simples et sereins, du théâtre Montansier aux plus jolis cadres architecturaux de la ville royale.
De la cour des Grandes Ecuries au château de Bonaguil, c'est à la Foire Saint-Germain, place Saint-Sulpice, à Paris, que vous pourrez applaudir cette version pour tréteaux de « la Savetière prodigieuse », une pièce que Federico Garcia Lorca avait conçue comme une aimable farce, une sorte de comédie qui aurait quasiment pu être jouée par ces marionnettes que le poète du « Romancero gitano » aimait tant.
Sans moyens dispendieux mais avec beaucoup de soin, Stéphanie Tesson guide sa troupe du côté de la sincérité sans ambages dans un joli décor, simple, de Bony et avec de jolis accessoires trouvés par Amélie Tribout. Ici, on y va. On ne craint pas de forcer le trait, d'esquisser la caricature. Costumes, maquillages vont en ce sens. Cela donne les terribles et cocasses commères que jouent Céline Larrigaldie et Sarah Pascual dans les costumes de Corinne Page, les musiciens un peu gandins que dessinent avec humour Pablo Penamaria et Vincent Brulin, le maire de Bruno Paviot ou le Monsieur Merle de Christophe Ravoux sont joués dans le même esprit. Une distance, une ironie. La chorégraphie de Juliette Piedevache comme la musique de Frédéric Ozanne accentuent avec intelligence cette tonalité dominante.
Deux personnages échappent un peu à cette règle - tout en s'y conformant... C'est le couple du savetier (Bernard Douby) et de la savetière (Julie Delarme). Il est trop vieux pour elle, ce gentil cordonnier qui va finir par se décourager... Douby a une jolie présence et il est parfait, dans l'exact équilibre entre la sincérité et la distance.
Sans doute ne serions-nous pas à ce point subjugué par cette production ravissante si la savetière n'était pas, justement, prodigieuse ! Julie Delarme, dont nous avions vanté les mérites extraordinaires cet hiver alors qu'elle jouait une toute jeune adolescente dans « les Femmes et leur amour » de Paula Jacques, est ici très séduisante. Une brune aux yeux et au teint clairs, quelque chose de mutin, de décidé, quelque chose qui convient merveilleusement bien à cet ensorcelant et insupportable personnage. On l'aime. Elle a du charme et du talent, une véritable intelligence du plateau et un sens de la troupe. Ne ratez pas ce spectacle dans les jolis soirs de l'été.
Dans le cadre de la Foire Saint-Germain, place Saint-Sulpice, 75006 Paris, les 22 juin à 17 h et les 27 et 28 juin à 19 h. Spectacle gratuit. Reprises cet été au Festival de Bonaguil, dans le Lot, le 7 août à 21 h 30 et au Festival de Lattes dans l'Hérault, le 11 août à 20 h 30.
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