CLASSIQUE
Dictionnaires et encyclopédies musicales français courants ne semblent pas avoir gardé la trace du compositeur espagnol José Melchor Gomis (1791-1836). Chef de musique militaire estimé, il fit ensuite une appréciable carrière de compositeur d'opéras, d'abord à Madrid puis en exil politique à Londres et à Paris, où furent créés plusieurs opéras-comiques, outre ce « Revenant » en 1833, « Le Portefaix », « Le Diable à Séville » et « Rock le Barbu », titres évoquant un goût certain pour le fantastique qui était tout à fait dans l'air du temps après la création, en 1821 à Berlin, du « Freischütz », de Weber.
N'était un caractère fier et intransigeant, et malgré la protection de Rossini et toute l'estime que lui portait Berlioz dans son exercice de critique musical, Gomis aurait pu être représenté à l'Opéra de Paris, honneur qu'il frôla à deux reprises. La phtisie, mal de l'époque, l'emporta avant qu'il puisse réaliser ce projet et il dut se contenter du plus modeste Opéra-Comique.
Les spectateurs du XXIe siècle, autant au Teatro de la Zarzuela de Madrid, où « le Revenant » fut ressuscité en 2000, qu'au Capitole de Toulouse, qui l'a coproduit en ce mois de mai 2003, peuvent s'estimer heureux des conditions artistiques optimales dans lesquelles cette uvre a été montée. Celles de la création, si l'on en croit Berlioz, très favorable à la partition, mais aux yeux de qui ni l'équipe artistique ni le public de l'Opéra-Comique ne trouvent grâce, lui valurent un succès public très médiocre. Aujourd'hui, on peut se réjouir et trouver un charme archéologique à découvrir ce qu'était au XIXe siècle l'ordinaire de l'Opéra-Comique, cette illustre scène n'ayant pas produit que des chefs-d'uvre comme « Carmen » ou « Pelléas et Mélisande ».
Fantastique et romantique
Eric Vigié a conçu un spectacle qui évoque l'atmosphère fantastique et romantique de l'argument, fondé sur un chapitre du roman « Redgaunlet » de Walter Scott. Tous les ingrédients sont réunis, brumes écossaises, manoir hanté, personnages farfelus, mais la distance est toujours gardée pour ne pas sombrer dans le guignolesque qui menace ce genre de livret.
Ses costumes sont poétiques et efficaces et sa direction d'acteur, toujours parfaite. Lesquels acteurs sont aussi d'excellents chanteurs : que l'on juge le soin avec lequel l'ouvrage a été distribué avec les noms de Alain Vernes, Léonard Pezzino, Marc Laho, Nathalie Manfrino et Fernand Bernadi, jeune chanteur de la troupe toulousaine qui se tire avec honneur du rôle de basse diabolique et écrasant de Sir Arundel.
Le chef David Heusel a fort bien mené ses troupes Orchestre du Capitole en contingent restreint mais riche en percussions et surtout le Chur du Capitole, aux interventions très satisfaisantes, pour mettre en valeur une partition toujours inventive.
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13). Prochain spectacle lyrique : « Le Crépuscule des Dieux », de Wagner, mise en scène : N. Joël ; direction : P. Steinberg, avec J. Baird, A. Woodrow, O. Hillebrandt ; du 12 au 29 juin.
Une saison hors les murs
La saison prochaine au Théâtre du Capitole de Toulouse sera minimale et hors les murs. En effet, après la grande rénovation de la salle de 1996, c'est au tour de la scène et des coulisses de subir un grand lifting technique qui privera le public toulousain de sa salle pendant une saison. Ce seront d'autres lieux, comme la Halle aux grains, le Théâtre national de Toulouse et l'auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, qui accueilleront spectacles et concerts de cette saison un peu différente.
Plusieurs opéras seront donnés en version de concert (« Athalia », de Haendel, dirigé par Paul McCreesh, « le Coq d'or », de Rimski-Korsakov, « Paillasse », de Leoncavallo), l'opéra « le Balcon », de Peter Eötvös, d'après Genet, créé à Aix-en-Provence en 2002, sera joué dans la mise en scène de Stanislas Nordey au TNT.
La Halle aux grains, domicile de l'Orchestre national du Capitole et lieu habituellement utilisé par ce théâtre pour les opéras à grand spectacle, offrira pour l'ouverture de la saison, en octobre, une nouvelle « Flûte enchantée », de Mozart, mise en scène par le directeur Nicolas Joël et dirigée par Claus Peter Flor, « l'Auberge du Cheval blanc », de Ralph Benatzky, pour les fêtes de fin d'année et des reprises de succès tels « Elektra » (direction Alain Lombard), « Madame Butterfly » et le spectacle Stravinsky (« l'Oiseau de feu », « le Sacre du printemps ») par le Ballet du Capitole.
Philippe Douste-Blazy, député-maire de Toulouse, vient d'annoncer le départ de Michel Plasson de la direction de l'Orchestre national du Capitole au terme du contrat, le 31 août 2003, qui le lie à la Ville de Toulouse. Des pourparlers sont en cours actuellement pour recruter un chef de dimension internationale. Ces changements à la tête de l'Orchestre national du Capitole n'auront, selon le maire, aucune incidence sur la qualité de la saison symphonique 2003-2004.
O. B.
Renseignements et réservations : 05.61.63.13.13. Site Internet : www.theatre-du-capitole.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature