THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
Il butine. Sur le plateau nu de la Maison de la Poésie, un fauteuil confortable et un siège plus spartiate (mais d'un rouge vif) pour tout décor, il surgit. Mince, tout de noir vêtu, pantalon et chemise ouverte discrètement, mobile, léger. Le cheveu est blanc désormais, pourtant le temps ne semble pas avoir prise sur cet éternel jeune homme. André Dussollier sacrifie à cet exercice que le public adore : il dit des textes qu'il a choisis. Des poètes, des romanciers, de grandes pages connues, de petits bibelots. Un récital éclectique et brillant, sans emphase, sans prétention aucune, sans sophistication inutile. Ni pose, ni pause. Il file vite d'un texte à l'autre, et c'est la seule chose que l'on puisse regretter : à peine fini un texte, on passe à autre chose, on tourne la page. On voudrait goûter plus longtemps les mots, retenir les paroles. Mais Dussollier est trop bien élevé. Il s'excuserait presque d'être là, de nous prendre un peu de temps.
Articulation ferme et douce, timbre tendre à éclats sourdement grinçants parfois, André Dussollier se souvient du très bon élève qu'il a toujours été. Discipliné et modeste, naturellement solaire. Un gentil. Un humble. Mais rien qui n'interdise le déploiement d'un talent rayonnant, heureux.
De A comme Alphonse Allais à V comme Léon Vilbert (ou Verlaine et Vigny), de Baudelaire à Guitry, de Dubillard à Michaux, d'Hugo à Prévert, de Musset à Rostand, Tardieu, le spectacle est bref mais que de pépites !
La fluidité traduit le travail. André Dussollier propose un parcours impeccable et bref. On aimerait que cela dure plus longtemps, on aimerait qu'il revienne et dise encore d'autres textes, d'autres poèmes, fragments du livre imaginaire où il enferme ses trésors. Refrains d'enfance, pages coquines, pleins et déliés, André Dussollier nous enchante. C'est simple et fraternel, on a envie de convier ses amis et de partager ensemble tout un faisceau d'émotions qui s'irisent de mille nuances au gré d'un interprète parfaitement maître de ses moindres inflexions, gestes, mouvements, intonations.
Maison de la Poésie-Théâtre Molière, du mercredi au samedi à 21 h, dimanche à 17 h. Jusqu'au 3 février. Relâches les lundi et mardi et du 2 au 6 janvier. Durée : 1 h (01.44.54.53.00). A signaler, dans la petite salle « Un Captif amoureux », d'après Jean Genet par Lara Bruhl.
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