« Tropical Malady », d'Apichatpong Weerasethakul

Un chant d'obscurité

Publié le 23/11/2004

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LE THAILANDAIS Apichatpong Weerasethakul n'a que 34 ans. « Tropical Malady », son deuxième long métrage, a été présenté au festival de Cannes en sélection officielle après que le premier, « Blissfully yours », a été remarqué, à Cannes également, dans la section « Un certain regard ». Pour certains festivaliers, c'était le plus beau film de la sélection 2004.
Il est vrai que « Tropical Malady » suscite une certaine fascination. Il « traduit mon attirance pour les paysages vierges et les mystères. C'est un chant d'amour et d'obscurité », dit le réalisateur. Tourné dans la jungle du Nord Est de la Thaïlande, « un personnage à part entière », le film peut séduire ou ennuyer. La première partie nous montre deux jeunes hommes qui s'aiment, Keng le soldat et Tong le garçon de la campagne ; le temps s'écoule doucement, rythmé par les sorties en ville, les matchs de foot, les soirées dans la famille de Tong. La deuxième partie est sombre, elle se passe dans un monde différent et, explique encore le cinéaste, les deux territoires « sont reliés par des personnages que le spectateur peut considérer comme étant les mêmes, ou non ». Alors que des vaches sont égorgées par un animal et que Tong a disparu, Keng, saisi par la maladie tropicale, part seul dans la jungle étouffante où l'on dit qu'un homme peut être transformé en créature sauvage.
Le spectateur entre dans le film s'il a suffisamment d'imagination pour se projeter dans cet étrange univers quasi onirique, s'il aime le fantastique sans merveilleux. La maladie tropicale n'est contagieuse que pour eux.

> R. C.