Il est dans la vocation de la Comédie-Française de nous redonner régulièrement à voir et à entendre l'ouvrage que Jean Racine, après des années de silence « dramatique », composa à la demande de Madame de Maintenon pour les jeunes pensionnaires de Saint-Cyr. Et l'on n'oublie pas - au contraire des documents de la Maison - le beau travail de Françoise Seigner donné et à l'Odéon et salle Richelieu (avec Martine Chevallier puis Véronique Vella dans le rôle-titre) il y a quelques années. Il y avait un orchestre et dix-huit jeunes filles qui chantaient les vers...
Cette production, premier pas, dans l'esprit de l'administrateur général Marcel Bozonnet, vers la réhabilitation progressive de la musique au sein de l'institution, est tout à fait louable.
Alain Zaepffel est un érudit, un amoureux de la belle langue et l'on est frappé par le sérieux travail d'élocution et d'éclaircissement du sens qu'il a accompli. On regrette que le chur ne soit pas toujours audible - ne faudrait-il pas, tout simplement, soutenir ces parties de sur-titrages, cela se fait à l'opéra... - mais on en goûte les harmonies et le jeu. Les solistes sont remarquables et s'intègrent parfaitement à l'ensemble face aux actrices en tête desquelles Françoise Gillard, touchante et tendre Esther.
Tous les rôles ici sont tenus par les femmes et l'on admire l'aristocratique allure d'une Claude Mathieu (Mardochée), la puissance inquiétante d'Isabelle Gardien dans Aman, la beauté d'Assuérus/Sylvia Bergé, la sourde et sublime présence de Madeleine Marion, la Piété du Prologue.
Les costumes - ceux du chur en particulier - sont heureux, le jeu précis. C'est tenu comme un rituel. Très beau mais peut-être un peu lent. Zaepffel dirige très bien l'orchestre mais il n'a pas beaucoup d'imagination scénique et un zeste d'audace n'aurait pas été malvenu... On passe pourtant une belle soirée, émouvante. On admire la langue et les subtilités des phrasés. On admire Racine.
Comédie-Française, salle Richelieu, en alternance jusqu'au 6 juillet. Avec le soutien de la Fondation Jacques-Toja. Renseignements sur les représentations au 01.44.58.15.15. « L'Avant-Scène théâtre » va publier la pièce avec un cahier documentaire (10 euros).
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