LE SOMMEIL est l’un des phénomènes majeurs qui implique l’intégralité des organes, pour lesquels on n’a, à ce jour, pas identifié de mécanismes. Le sommeil résulte-t-il d’un changement global du cerveau qui survient pendant l’éveil ? Provient-il d’une impulsion à partir d’un lieu spécifique qui entraîne ensuite le reste du cerveau dans des états métaboliques et électriques spécifiques ?
C’est plutôt la seconde hypothèse que les observations des deux équipes semblent corroborer à partir de leur travail chez la drosophile.
Consolidation de la mémoire acquise.
Les résultats soutiennent une notion selon laquelle le sommeil serait l’occasion d’une consolidation de la mémoire acquise pendant la journée (montrée chez les insectes et fortement suspectée chez les vertébrés).
Le sommeil des mouches est similaire à celui des vertébrés. Notamment, on remarque que les deux espèces sont « groggy » lorsqu’on les réveille soudainement et qu’elles ont besoin d’un supplément de sommeil lorsqu’elles sont en privation. De ce fait, «il est possible qu’un mécanisme régulateur à la fois du sommeil et de l’apprentissage soit conservé au cours de l’évolution», concluent les chercheurs en physiologie et en neurobiologie à l’origine des publications.
William Joiner et coll.* (Philadelphie) trouvent que les grandes modifications cycliques du rythme du sommeil suivent de manière inverse celles de l’activité AMP cyclique de la protéine kinase au niveau du corps pédonculé des drosophiles adultes. Et que lorsque l’on manipule cette structure cérébrale (mise sous silence temporaire, excitation ou ablation), on produit en même temps une altération du sommeil. On sait que les corps pédonculés qui existent dans le cerveau des arthropodes et insectes sont impliqués dans les phénomènes d’apprentissage et de mémoire, en particulier olfactive. D’où l’idée «d’un lien entre la régulation du sommeil et la mémorisation».
Jena Pitman et coll.** (Northwestern University) parviennent à des conclusions identiques en suivant une autre méthode d’exploration. L’équipe utilise un bloqueur chimique des synapses dont l’activité est fonction de la température : à différentes températures, divers circuits sont bloqués. C’est ainsi qu’un rôle dynamique dans la promotion du sommeil est attribué au corps pédonculé de la drosophile. Lorsqu’ils produisent une ablation chimique de la structure nerveuse, les chercheurs observent une réduction du temps de sommeil.
« Nature », 8 juin 2006. * pp. 757-760 ; ** pp. 753-756.
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