LE QUOTIDIEN - Vous avez participé à l'élaboration d'un CD-Rom de gastro-entérologie destiné aux généralistes. Quel en est l'objectif ?
Pr RUSZNIEWSKI - Le but de ce CD-Rom est de proposer aux médecins généralistes cinq cas cliniques représentatifs de problèmes qu'ils rencontrent souvent dans leur exercice pratique et de les guider dans une démarche diagnostique et thérapeutique. Les sujets abordés sont les douleurs ou crampes gastriques, les diarrhées aiguës, la dyspepsie, les douleurs abdominales diffuses et les brûlures épigastriques. Ce CD-Rom se révèle être aussi bien un instrument d'enseignement postuniversitaire qu'un mode d'autoformation. Un des grands avantages de ce genre de procédé étant, bien sûr, l'interactivité.
Chaque cas clinique est illustré par une iconographie. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi ?
L'iconographie présente un intérêt pédagogique important. Elle illustre le dossier et montre en direct les images objectivées chez le patient. L'impact est supérieur à celui d'une simple description littérale. L'iconographie permet d'être en situation réelle comme lorsque vous recevez le compte rendu de l'examen d'endoscopie ou de pH-métrie.
Le cas clinique que vous développez traite de l'ulcère duodénal. Qu'en est-il de la pathologie ulcéreuse gastro-duodénale à l'heure actuelle ?
En l'absence de chiffres récents, on pense actuellement que la proportion de Français qui ont eu, ont, ou auront un ulcère est de 10 %. Je pense cependant que cette proportion baissera. L'endoscopie digestive haute est l'examen le plus sensible pour en faire le diagnostic. Elle permet de réaliser des biopsies qui présentent un double intérêt : préciser, d'une part, la physiopathologie de cette maladie ulcéreuse avec le rôle d' Helicobacter pylori(HP) et, d'autre part, le caractère néoplasique éventuel de la lésion gastrique (l'ulcère duodénal ne se cancérise jamais). Pour affirmer la présence d' HP, les biopsies doivent être réalisées dans l'antre gastrique où il est toujours présent. Deux méthodes sont utilisées pour le mettre en évidence : l'histologie ou le test à l'uréase.
Quelle doit être la prise en charge thérapeutique en présence d' Helicobacter pylori ?
Le traitement a été réactualisé lors de la conférence de consensus de 1999. Il s'agit d'une trithérapie constituée d'un IPP prescrit à double dose et de deux antibiotiques choisis dans une liste assez courte, comprenant l'amoxicilline, la clarythromycine et un nitro-imidazolé. La durée de traitement est de sept jours, une durée inférieure conduit à l'échec. Il est par conséquent fondamental de donner aux patients des conseils et des explications pour une bonne observance. En effet, on constate 26 % d'échecs d'éradication d' Helicobacter pylori en France. Ces résultats s'expliquent par la résistance de la bactérie aux antibiotiques et la mauvaise adhésion au traitement. Il faut donc contrôler l'éradication si les symptômes persistent, s'il y a déjà eu une tentative préalable d'éradication, en cas de maladie concomitante qui fragilise le patient ou s'il prend des AINS ou des anticoagulants. Un moyen non invasif, le test respiratoire, devra être réalisé entre quatre et six semaines après l'arrêt de la trithérapie. Dans plus de 90 % des cas, l'ulcère cicatrise. Il n'est pas nécessaire de poursuivre le traitement antisécrétoire pendant trois semaines en cas d'ulcère duodénal non compliqué.
Que faire en cas de récidive de la symptomatologie à distance du traitement ?
Tout dépend de l'éradication d' HP. En cas d'échec, une stratégie antibiotique alternative doit être utilisée, voire une endoscopie, pour réaliser des biopsies avec antibiogramme. En cas de réussite, une nouvelle endoscopie doit être envisagée dans un but diagnostique.
Avez-vous d'autres projets avec le Laboratoire Janssen-Cilag ?
Un second jeu de cas cliniques destinés aux gastro-entérologues est en cours d'achèvement. Il porte sur d'autres pathologies et a des objectifs pédagogiques différents.
13 - 16 mars 2001 à Paris
Un CD-Rom d'aide au diagnostic en gastro-entérologie
Publié le 19/04/2001
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Propos recueillis par Emmanuelle BOCANDE-CHEVALIER auprès du Pr RUSZNIEWSKI, hôpital Beaujon (Clichy)
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6902
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