Un dogme de la médecine serait-il en passe de s'effondrer ? Peut-être, si l'on se réfère à un travail publié dans le « New England Journal of Medicine ». Une équipe australo-américaine rapporte le cas d'une femme de 48 ans, qui, à la suite d'une FIV (avec don d'ovocyte), a mis au monde des faux jumeaux issus d'une grossesse monochorionique.
Jusqu'à ce jour, selon les règles de l'obstétrique, les jumeaux monochorioniques ne pouvaient être qu'issus du même ovocyte et, donc, vrais.
La surprise est apparue à 20 semaines de grossesse, en échographie, quand deux embryons de sexe différent sont apparus à l'écran. A la naissance, à 37 semaines, il s'agissait bien d'un garçon (2 114 g) et d'une fille (2 183 g).
Sans entrer dans le détail, tous les bilans disponibles, dont la clinique, bien sûr, ont confirmé l'absence d'ambiguïté sexuelle. En revanche, les médecins ont constaté un important chimérisme sanguin entre les deux nourrissons, qui pourrait conduire à l'affirmation erronée de monozygotie.
D'où une première conclusion : dans l'étude de gémellité, des analyses tissulaires, telles que des prélèvements buccaux, se révèlent plus fiables.
La FIV ne peut être exclue
Les chercheurs tentent de multiples explications embryologiques, toutes hypothétiques. Ils concluent toutefois en suggérant que l'implication de la FIV ne peut être exclue.
Une hypothèse que reprend et enrichit, dans un éditorial, R. W. Redline (Cleveland). Son explication redore le blason du dogme médical. Il précise qu'aux Etats-Unis une des techniques récentes pour majorer l'efficacité des aides médicales à la procréation est de poursuivre la culture de l'oeuf in vitro jusqu'au stade de blastocyte. Mais cette méthode est susceptible d'introduire des artefacts, notamment une gémellité de type monozygote. Plus intéressant, chez la souris, ce phénomène a été attribué à une distorsion spatiale due à une adhérence au plastique du matériel. Ainsi, des jumeaux dizygotes pourraient former un placenta monochorionique dans certaines conditions, exceptionnelles, il est vrai. Le dogme n'est donc probablement pas remis en question, en outre, la FIV semble capable d'induire des perturbations rares du développement.
« New England Journal of Medicine », vol. 349, n° 2, 10 juillet 2003, pp. 111-114 (éditorial), 154-158.
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