LE 3 JANVIER dernier, un patient de 70 ans décède «d’un accès de paludisme à Plasmodium falciparum», selon un communiqué publié par le centre hospitalier de Carcassonne. L’homme avait été admis la veille aux urgences, pour une hémorragie digestive, et ne présentait «aucun facteur d’exposition au paludisme». Les recherches s’orientent vers une contamination post-transfusionnelle chez ce patient qui a « bénéficié de plusieurs transfusions sanguines», explique l’hôpital. Une hypothèse que confirme très vite l’Etablissement français du sang (EFS) : l’un des donneurs dont étaient issues les poches transfusées au patient est positif à P. falciparum. L’enquête en cours devrait permettre de déterminer les causes précises de l’absence de recherche de paludisme au moment du prélèvement. Selon l’EFS, «le jeune homme, âgé de 19ans, ne présentait aucun signe de paludisme et n’avait pas séjourné dans une zone impaludée depuis cinq ans». Cependant, son passé géographique – nouveau donneur, il est né en Côte d’Ivoire – «aurait dû conduire à un dépistage», explique-t-on à l’EFS, qui n’exclut pas une erreur humaine. Le médecin a été suspendu de toute activité de prélèvement, à titre conservatoire.
Risque viral et bactérien.
Depuis la mise en place du dépistage génomique viral et de la déleucocytation, le risque viral des transfusions sanguines a considérablement diminué. Une étude sur la surveillance épidémiologique des donneurs de sang publiée récemment dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (n° 51-52 du 26 décembre 2006) concluait : «Grâce, d’une part, à l’amélioration constante de la sélection des donneurs et, d’autre part, aux progrès réalisés dans la qualification biologique des dons, avec notamment la mise en place de techniques innovantes, telles que le dépistage génomique viral (juillet 2001) , les produits sanguins labiles présentent depuis une dizaine d’années un risque transfusionnel du VIH, VHC, VHB et Htlv très faible.» Le risque bactérien demeure un des risques majeurs de complication immédiate de la transfusion sanguine. Parmi les tests de dépistage, seul le sérodiagnostic de la syphilis est obligatoire. Les anticorps antipaludéens ne sont recherchés qu’en cas de nécessité, en fonction du passé géographique du donneur (séjour dans un pays d’endémie).
L’entretien médical est une étape essentielle pour la sécurité transfusionnelle. Confidentiel et couvert par le secret médical, il nécessite des réponses sincères du donneur qui est interrogé sur son état de santé récent ou ancien, et sa vie personnelle (voyage, pratiques sexuelles, usage de drogues…). Certaines situations entraînent une exclusion temporaire (fièvre, maladie infectieuse, même banale, soins dentaires récents) ou définitive (crise de paludisme, même ancienne).
Un bilan 2001-2003, publié en 2005 par l’InVS (Institut de veille sanitaire), confirme que les cas de paludisme post-transfusionnel restent rares. Un accès pernicieux à P.falciparum après transfusion , signalé en France métropolitaine (déclaration obligatoire), a conduit en 2002 au décès d’un patient âgé de 81 ans. Le donneur était originaire du Ghana. Dans le cas de Carcassonne, les règles de traçabilité ont permis de vérifier «qu’aucune autre personne n’avait reçu de transfusion en provenance du donneur» à l’origine de la contamination. Tous les produits sanguins issus des dons infectés ont été retirés du circuit.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature