Voici peu, le « British Medical Journal » publiait une étude de grande envergure (plus de 60 000 séances analysées) mettant en avant le peu de risques iatrogènes de l'acupuncture (« le Quotidien » du 3 septembre 2001). A contrario, le dernier « New England Journal of Medicine », dans une courte lettre émanant de médecins chinois de Hong Kong (Patrick C.Y. Woo et coll.), rapporte ce qu'il est convenu d'appeler une « histoire de chasse », tant la complication décrite est exceptionnelle.
Une femme de 79 ans est vue en consultation pour une induration du membre inférieur droit, remontant à trois mois. La lésion se situe sur la face externe de la jambe à la jonction des tiers moyen et inférieur. Des clichés montrent, en regard de cette zone, une calcification dystrophique des tissus mous avec une réaction périostée. Autant de signes en faveur d'une infection chronique tissulaire, étendue en profondeur dans les compartiments musculaires péroniers.
Un prélèvement en vue d'analyse histologique est pratiqué. Le résultat donne la clé du diagnostic : inflammation granulomateuse avec suppuration, nécrose caséeuse, présence de bacilles acidorésistants. Les cultures isolent des colonies de Mycobacterium chelonae. Un traitement est proposé reposant sur trois semaines d'imipenem, de clarythromycine et d'amikacine. Le relais est pris pendant six mois par clarythromycine et minocycline.
Une plaie causée par un objet pointu
Si le traitement est efficace, les médecins n'arrivent pas au diagnostic étiologique. L'explication est proposée par la patiente au cours d'une consultation d'infectiologie, lorsque le spécialiste s'enquiert d'une plaie causée par un objet pointu enfoncé profondément. La patiente se souvient alors d'une séance d'acupuncture quelques mois auparavant. La relation de cause à effet est confirmée lorsqu'on s'aperçoit que le site de l'infection correspond précisément au point d'acupuncture 38-vésicule biliaire ou Yangfu.
La patiente avait consulté, voici quelques mois, pour des douleurs articulaires du genou droit. L'acupuncteur a probablement piqué ce point sur une profondeur de 7,5 à 12,5 cm, contaminant tissu sous-cutané, extenseurs des orteils et membrane interosseuse.
Les délais de consultation et de diagnostic étiologique ont été allongés du fait de l'indolence relative de la lésion. L'incubation assez longue, enfin, n'a pas permis à la patiente d'établir le lien entre acupuncture et infection.
« New England Journal of Medicine », vol. 375, n° 11, 13 septembre 2001, pp. 842-843.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature