On redoute un risque accru pour l'homme

Un cas de grippe aviaire chez un porc

Publié le 19/04/2005
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DES VIROLOGUES indonésiens ont procédé à une analyse génomique de virus H5N1 détectés au début d'avril 2005 sur des porcs vivant dans l'île de Java. Dans cette région, en 2004, l'existence d'un grand nombre de cas chez des animaux - volailles et oiseaux - avait incité les autorités sanitaires à mettre en place des campagnes de vaccination des élevages contre le virus H5N1.
L'absence de cas humains avait conforté l'attitude du gouvernement. Or l'OMS et l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale) avaient mis en garde contre de telles pratiques, en signalant que la vaccination n'empêchait nullement la circulation virale et que le nombre d'espèces infectées pouvait croître en raison d'une contact avec les animaux présentant des formes paucisymptomatiques.
Au début d'avril 2005, des infectiologues ont procédé à une analyse systématique des souches virales de tous les animaux de basse-cour dans la région de Java la plus affectée par le H5N1 en 2004. C'est grâce à cette vérification systématique qu'ils ont retrouvé le virus chez un porc, élevé avec neuf de ses congénères dans une ferme qui abritait aussi une centaine de poulets vivant en liberté.
Le Dr A. Nindom a procédé à une analyse virologique de la souche. Il s'agit du même virus hautement pathogène que celui en cause dans les infections survenues en 2004 (98 % de similitude avec l'hémagglutinine déjà étudiée). Dans ces conditions, il reste encore impossible d'affirmer (et d'exclure), comme nombre de virologues le redoutent, que des modifications génomiques se produisent lors du passage au porc rendant le virus plus pathogène pour l'homme.

Les canards du delta du Mékong.
Par ailleurs, une étude systématique menée dans le delta du Mékong, au Vietnam, montre qu'actuellement 71 % des canards de la région sont porteurs du virus H5N1 hautement pathogène et qu'ils pourraient être à l'origine des récentes infections humaines détectées dans la région.
Enfin, au cours d'un congrès sur la biosécurité qui s'est tenu à Lyon au début du mois d'avril, un infectiologue a présenté les résultats d'une analyse comparative entre le génome du virus H5N1 à l'origine des premiers cas de grippe aviaire à Hong Kong en 1997 et le virus le plus souvent identifié en 2004. Il a insisté sur le fait que le virus 1997 avait développé une résistance à l'amantadine, un antiviral utilisé dans l'alimentation animale et il exhorte à limiter les contacts du H5N1 avec le seul antiviral encore actif, l'oseltamivir.

International Conference on Biosafety and Biorisk et Société internationale de maladies infectieuses.

> Dr I. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7733