De notre correspondante
à New York
« La fonction de ce canal est clairement très importante pour l'irrigation sanguine du coeur à travers l'artère coronaire », affirme le Pr Kevin Campbell, de l'université d'Iowa (Iowa City), qui a dirigé cette recherche.
Les canaux calcium, formés par des protéines, permettent aux ions calcium (Ca 2+) d'entrer dans les cellules. Cet influx de calcium déclenche de nombreux événements physiologiques. Ainsi, dans les cellules musculaires lisses, l'influx de calcium à travers les canaux calcium de type L déclenche une contraction. La plupart des antagonistes calciques utilisés en thérapeutique ciblent ces canaux de type L, inhibant la contraction des muscles lisses, ce qui abaisse la tension artérielle et améliore le flux sanguin dans les coronaires.
Souris mutantes : des coronaires anormalement contractées
Les canaux calcium de type T sont moins connus. Il existe au moins trois formes protéiques de canal de type T (alpha 1G, alpha 1H et alpha 1I), et leur rôle n'est pas clair.
Chen, Campbell et coll. se sont penchés sur le rôle du canal de type T alpha 1H, en créant une souris knock-out dépourvue de ce canal. Ce canal est exprimé dans de nombreux tissus (cerveau, coeur, foie, testicules, glomérule, muscle squelettique).
Les souris mutantes, ont observé les chercheurs, n'ont pas d'anomalies musculaires squelettiques et sont fertiles. Toutefois, elles développent une cardiomyopathie sévère, avec des zones diffuses de fibrose et de nécrose.
Les canaux de type T ne sont pas exprimés dans les myocytes cardiaques, mais dans les cellules musculaires lisses des vaisseaux sanguins cardiaques, ce qui suggère que les problèmes myocardiques pourraient venir du muscle lisse des coronaires.
Effectivement, les artères coronaires des souris mutantes sont anormalement contractées. Les coronaires répondent normalement aux vasoconstricteurs, mais faiblement aux vasodilatateurs qui agissent par le biais du monoxyde d'azote (NO) (acétylcholine, nitroprussiate de sodium).
« Nos résultats suggèrent que le canal de type T alpha 1H est requis pour la relaxation normale des artères coronaires qui est médiée par le monoxyde de carbone », déclarent les chercheurs.
La constriction des coronaires chez les souris mutantes explique la nécrose et la fibrose myocardique observée chez ces souris.
Les chercheurs ont ensuite exploré comment l'absence de ce canal calcium pourrait causer un défaut de relaxation. Un autre canal important pour la régulation de la relaxation est le canal potassium activé par le calcium. Lorsque ces canaux potassium s'ouvrent après activation par le calcium, les ions potassium sortent de la cellule et inhibent la contraction. Les chercheurs se sont demandé si le canal de type T alpha 1H pourrait servir à réguler l'activité du canal potassium dans le muscle lisse coronarien.
Un couplage avec un canal potassium
Ils ont administré un agent chimique qui ouvre artificiellement le canal potassium, et la relaxation coronarienne obtenue chez les souris normales est la même que chez les souris mutantes dépourvues du canal de type T alpha 1H. Les chercheurs proposent donc qu'un couplage fonctionnel entre le canal calcium de type T alpha 1H et le canal potassium activé par le calcium joue un rôle important pour la relaxation du muscle lisse. « Un de nos futurs objectifs est de comprendre comment ces deux canaux interagissent », confie au « Quotidien » le Dr Chen.
Selon les chercheurs, cette protéine canal pourrait constituer une nouvelle cible thérapeutique pour des maladies cardio-vasculaires.
« On ignore en grande partie comment survient le spasme coronarien. Notre étude suggère qu'une anomalie du canal calcium de type T alpha 1H dans les artères coronaires peut entraîner une constriction des artères coronaires. Des agents qui activent le canal calcium de type T alpha 1H pourraient devenir un traitement potentiel du spasme coronarien », ajoute le Dr Chen.
« Science », 21 novembre 2003, p. 1416.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature