L'activité physique chez les sujets âgés à risque
L'OBJECTIF DE l'étude PREHACOR était d'évaluer le lien entre activité physique et événements cardio-vasculaires sur un grand nombre de coronariens hypertendus traités. Les données de 3 193 patients consécutifs, hospitalisés par des cardiologues libéraux ont été analysées. Pour être inclus, ils devaient être âgés de plus de 65 ans, avoir une hypertension artérielle non contrôlée (> 140/90 mmHg), traitée ou non, et être atteints d'une coronaropathie établie définie par la présence d'un angor (confirmé par angiographie), d'une séquelle d'infarctus sur l'ECG ou d'un antécédent de revascularisation radiologique ou chirurgicale).
L'activité physique a été évaluée par questionnaire et définie par la pratique d'une activité sportive ou de loisir (marche jardinage, bricolage, etc.) pendant au moins vingt minutes, au minimum trois fois par semaine.
La moyenne d'âge des patients était de 74 ± 6 ans ; 67,4 % d'entre eux étaient des hommes. La pression artérielle systolique moyenne était de 161 ± 13 mmHg et la pression artérielle diastolique moyenne de 88 ± 10 mmHg ; la pression pulsée était ≥ 60 mmHg chez 93 % d'entre eux et ≥ 70 mmHg chez 67,8 %. Vingt-sept pour cent étaient diabétiques, 75 % avaient un antécédent d'infarctus ou de revascularisation, 68 % une hyperlipidémie et 54 % présentaient une atteinte d'un organe cible autre que cardiaque. A l'entrée dans l'étude, environ un tiers ont déclaré avoir une certaine activité physique, qui allait de la marche à une activité sportive régulière (golf, par exemple), en passant par le ménage, le bricolage ou le jardinage.
Une population à haut risque
Il s'agissait donc de sujets âgés, coronariens et présentant une hypertension artérielle non contrôlée, donc à très haut risque cardio-vasculaire.
Cette population, représentative des patients que les cardiologues voient quotidiennement en ville comme à l'hôpital, a été suivie pendant six mois, en incitant leur cardiologue à faire en sorte de diminuer la pression artérielle.
Les résultats, présentés par le Pr Jean-Jacques Mourad (hôpital Avicenne, Bobigny), montrent tout d'abord qu'il est possible de faire baisser la pression artérielle chez de tels sujets, sans effets délétères. Deuxième enseignement de PREHACOR, il y a eu, au cours des six mois pendant lesquels les patients ont été suivis en cardiologie libérale, 11,8 % d'événements majeurs, représentés essentiellement par des hospitalisations pour insuffisance cardiaque aiguë ou des interventions de revascularisation non programmées.
L'analyse monofactorielle a retrouvé, parmi les paramètres en relation avec ces événements, des facteurs de risque classiques, tels l'âge, l'indice de masse corporelle (IMC), la présence d'un diabète, les antécédents de troubles du rythme ou d'insuffisance cardiaque, l'atteinte d'un autre organe cible et l'absence d'activité physique régulière. D'après l'analyse multifactorielle, les facteurs indépendamment associés avec le risque d'événements majeurs étaient (tableau 1) : un antécédent d'insuffisance cardiaque, l'existence d'une atteinte d'au moins un autre organe cible, un IMC > 30 (comparativement à un IMC < 25). En revanche, la pratique régulière d'une activité physique était, elle, inversement corrélée avec le risque de survenue d'un événement cardio-vasculaire majeur (risque relatif : 0,73 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,56-0,94 ; p = 0,03).
Pour Jean-Jacques Mourad, l'intérêt principal de cette étude est de montrer que, chez des sujets âgés à très haut risque, le risque de survenue d'un événement cardio-vasculaire majeur est élevé et que la pratique régulière d'une activité physique, même peu intense, comme la marche, le jardinage ou le bricolage, permet de le réduire de 27 %. Selon lui, associée à une amélioration du contrôle tensionnel, la mise en place de programmes spécifiques, adaptés à leur âge et à leurs pathologies associées, dont la faisabilité a, par ailleurs, été démontrée dans cette étude, pourrait constituer un bon moyen de diminuer la morbidité dans cette population de patients dont l'importance est en constante augmentation.
D'après un entretien avec le Pr Jean-Jacques Mourad, unité d'hypertension artérielle, service de médecine interne et d'endocrinologie de l'hôpital Avicenne, Bobigny, et sa communication " Physical activity and major cardiovascular events in older hypertensive patients with established coronary heart disease. the PREHACOR study ".
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