Les maisons de santé en pleine expansion

Un bon catalyseur de coordination

Publié le 06/11/2014
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Aujourd’hui, on estime qu’environ 10 % des professionnels de santé exercent dans une maison ou un pôle de santé. À mon avis, on devrait passer la barre des 20 % l’année prochaine », explique le Dr Pierre De Haas, président de la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé (FFMPS). « Ensuite, les plus optimistes, dont je fais partie, pensent qu’en dix ans tout sera plié et que plus personne n’exercera de manière isolée, poursuit-il. D’autres, plus pessimistes, pensent qu’il faudra attendre une génération, soit environ une trentaine d’années, pour que cela arrive. »

Il est difficile de savoir si Marisol Touraine fait partie du camp des optimistes ou des pessimistes. Mais pour la ministre de la Santé, l’avenir est clairement aux maisons de santé et à l’exercice pluridisciplinaire et coordonné. C’est ce qu’elle a répété en présentant en février dernier son Pacte territoire santé pour lutter contre les déserts médicaux. « En 2012, il y avait à peine 170 maisons de santé. Elles sont 370 aujourd’hui », soulignait alors la ministre en annonçant 600 maisons de santé d’ici à la fin de l’année. Un chiffre guère éloigné de celui avancé aujourd’hui par le Dr De Haas. « En septembre, on comptait un peu plus de 500 maisons ou pôle de santé en France », indique-t-il.

La population tout entière ciblée

Le président du FFMPS, pourtant, estime que ce mode d’exercice n’est pas, comme le pensent beaucoup d’élus, une solution au problème des déserts médicaux. « Pour les soins primaires, je ne vois pas beaucoup d’endroits en France qu’on puisse vraiment qualifier de désert médical. C’est un terme qui, selon moi, doit être utilisé quand il n’est pas possible de voir un médecin dans la demi-journée. Ce qui concerne quand même très peu de gens de France. Aujourd’hui, en effet, seulement 5 % de la population habite à moins de 30 minutes d’un généraliste », indique le Dr De Haas. « Pour moi, c’est l’ensemble de la population, quel que que soit son lieu d’habitation, qui devrait avoir le droit d’avoir accès à une équipe qui travaille de manière coordonnée et protocolisée autour d’un même projet de santé », ajoute-il.

Pour le Dr De Haas, les maisons de santé sont des structures qui permettent d’améliorer le parcours de soins. « Le fait de travailler en équipe permet de mettre en place un parcours de santé horizontal plus fluide pour les soins de premier recours. Cela facilite aussi les échanges d’informations avec les spécialistes de ville ou hospitaliers. Quand le patient sort de l’hôpital, le praticien sera rassuré en sachant que c’est toute une équipe qui pourra prendre le relais », souligne le Dr De Haas.

Mais cet exercice coordonné ne peut réussir qu’à la condition de savoir casser les cloisons qui, parfois, séparent encore les professionnels de santé. « Il y a des obstacles, liés notamment à la formation qui est assez individualiste et élitiste. Durant leurs études, les professionnels de santé se croisent peu et on leur apprend à se méfier les uns des autres », indique le Dr De Haas, qui se dit toutefois convaincu d’une évolution des mentalités. « Nous sommes face à une évolution inéluctable. Aujourd’hui, 80 % des jeunes générations veulent travailler en équipe. »

A. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9363