VOS MALADES ONT LU
PAR LE Dr DOMINIQUE BRILLAUD
« Sélection », mai
« Les médecins avaient tout tenté. En vain. Mais Jeanne était bien décidée à sauver l'homme de sa vie. » Et comme vous vous en doutez, elle a bel et bien réussi. « Sélection » raconte comment Jeanne, ne pouvant concevoir la vie sans son époux aux coronaires épuisées, a passé des heures à chercher des informations sur les « traitements de pointe », comment elle a pris contact avec l'équipe du Dr Jeffrey Isner, qui attendait l'autorisation de la FDA pour tester l'efficacité des gènes VGEF sur la circulation cardiaque. Consciente des faibles chances de son mari d'entrer dans le premier protocole d'essai, elle a inondé le service du médecin de lettres, photo de son mari à l'appui. Sa persévérance a payé : non seulement son mari a été inclus dans l'étude, mais le « bombardement » de gènes VGEF sur le ventricule gauche du patient a permis le développement d'une circulation collatérale efficace sur ce cur ischémié.
Après ce récit émouvant, la revue glisse quelques lignes en italique pour préciser les « résultats encourageants » obtenus par le Dr Isner sur 200 cas. Il est donc logique qu' « il compte bien reprendre prochainement les applications de cette thérapie », dès que la FDA, ayant étudié la méthodologie de l'expérience, lui aura donné le feu vert.
Inquiétant et fascinant prématuré
« Le Journal des professionnels de l'enfance », mai-juin
La définition médicale de la prématurité est bien claire : « Elle correspond à la naissance d'un enfant avant les 37 semaines d'aménorrhée de la mère. » Qui songe, sinon « le Journal des professionnels de l'enfance », que le mot prématurité est tout à fait inadapté à la réalité, puisqu'il évoque une maturité survenue plus tôt que prévu ? 44 000 bébés naissent trop tôt en France chaque année et méritent en fait toute l'attention de soignants de diverses disciplines, sociales comprises, pour pallier l'immaturité qui est la leur à la naissance.
On est en effet frappé, à la lecture du gros dossier que consacre la revue à ces tout-petits, de l'affluence de personnages de toutes sortes au chevet du prématuré et de ses parents : médecins et infirmières, sages-femmes, puéricultrices et psychologues constituent le gros de la troupe, mais le « réseau médico-psychosocial » que Claude Lejeune, chef du service de néonatalogie du CHU Louis-Mourier de Colombes, dessine à l'intention des grossesses à risque de prématurité, met en action une liste impressionnante de professionnels et d'organismes. C'est que, désormais, il s'agit de prévenir et de traiter non seulement médicalement, mais aussi psychologiquement et socialement, tant les risques sont intriqués. Si la médecine périnatale a immensément progressé, sauvant de plus en plus d'enfants de plus en plus petits, elle n'évite pas toujours les séquelles, qui restent souvent difficiles à prévoir et dont les victimes mériteraient un « investissement social » moins faible, souligne le Comité consultatif national d'éthique.
Un débat à ne pas escamoter
« La Vie », 17 mai
Vingt et un bébés de toute couleur et de toute humeur habillent gaiement la couverture de « la Vie ». Ils illustrent le débat que le magazine veut engager sur « l'embryon en question », celui qu'un prochain projet de loi devrait mettre à la portée des chercheurs français à des fins thérapeutiques, moyennant un encadrement législatif serré. Le clonage animal a « relégué au second plan les recherches sur l'embryon » ; les espoirs nés des cellules souches embryonnaires, puis adultes, ont ouvert des horizons aussi prometteurs financièrement que médicalement ; le DPI a franchi les barrières qui lui avaient été opposées dans un premier temps ; les Raëliens ne sont plus les seuls à afficher leur volonté de parvenir au clonage reproductif ; une trentaine de bébés seraient nés aux Etats-Unis de « la fécondation in vitro des ovocytes conjugués de deux femmes (une fertile et une stérile) avec le spermatozoïde d'un homme »...
Pour le « philosophe d'inspiration bouddhique » Roger-Pol Droit, une vision dédramatisée et individualisée des problèmes soulevés s'impose ; pour le théologien catholique Bruno Cadoré, la position de l'Eglise catholique s'appuie sur des raisonnements clairs. Pour Alain Privat, « médecin, chercheur et chrétien » dont les recherches en faveur des paraplégiques et des tétraplégiques sont bien connues, les avancées scientifiques de ces dernières années ne dispensent pas les chercheurs d'une réflexion à laquelle ils sont malheureusement peu formés et elles leur laissent sans doute plus de choix d'action que l'apparente inéluctabilité des processus ne le laissent croire à la plupart.
Multiple mémoire
« Le Nouvel Observateur », 17 mai
Si toutes les mémoires étaient aussi harmonieuses que l'arbre qui est censé les représenter sur la couverture du dernier numéro du « Nouvel Observateur », la vie serait belle. Il est vrai que cette faculté a de quoi laisser pantois, tant elle est puissante, variée, surprenante, plastique, créative. On aimerait la localiser, on la trouve partout ; on aimerait l'imiter, les plus puissants ordinateurs font figure de nains à côté d'elles ; on aimerait la fixer, elle échappe à tout contrôle vasculaire, chimique, électrique ; on aimerait l'unifier, on la découvre multiple, immédiate, à long terme, déclarative, épisodique, sémantique, procédurale ; on aimerait la saisir, elle ne semble faite que d'oubli ; on aimerait la dresser, ses caprices sont incessants ; on la voit comme « géniale illusionniste, elle est somme toute assez peu fiable ».
Malgré tout, elle se laisse cultiver, à condition de lui associer attention, répétition, passion, associations, sens. Les surdoués, disent de plus en plus de spécialistes, ne procèdent pas autrement, et « nous serions tous capables » de faire aussi bien qu'eux, avec beaucoup de travail il est vrai. Il n'est d'ailleurs pas sûr qu'un monde fait d'hypermnésiques soit souhaitable.
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